jeudi 27 janvier 2011

LE CHAUDRON MOYEN-ORIENTAL

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                           LE CHAUDRON MOYEN-ORIENTAL

Nos dirigeants ne voient jamais rien venir...

Le Perse joue au échecs... il y est excellent.

Le Perse sait égorger quelqu'un avec un morceau de coton... ça prend du temps, mais quand l'égorgé réalise c'est trop tard.

Au Liban, il eut fallu le jeune ambassadeur de France en Irak... et un du même acabit à Damas. Mais nos autistes au pouvoir n'ont rien vu venir du haut de leur arrogance d'occidentaux... et surtout leurs gesticulations ont valu pour Damas et Téhéran blanc seing pour perpétrer leur forfait. Quelqu'un qui, tel le roquet, aboie sans jamais mordre, perd rapidement toute crédibilité.

A moins, qu'en réalité, tout cela n'ait été qu'une sinistre farce dans un jeu de dupes américano-franco européen, avec pour réalité l'acceptation prévue de cette truanderie dont le peuple libanais va encore faire les frais.

Washington a, pour l'instant, besoin des sionistes dans la région... alors tant pis pour la paix, tant pis pour le Liban, tant pis pour les Palestiniens.

Prééminence syrienne et simple rôle d'appoint pour les Saoudiens au Levant

Pour les Saoudiens, la perte d'influence, progressive, sur le dossier palestinien, au profit de l'« outsider » iranien et du régime de Damas, s'accompagne désormais d'une marginalisation indéniable de leur autorité, même au Liban.

Plusieurs années auront été nécessaires pour que l'Arabie saoudite se rende compte de la signification profonde de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais et sujet saoudien Rafic Hariri.

Avec l'échec de Saad Hariri et du clan du 14 Mars qu'il préside, et avec toutes sortes d'interventions régionales visant à combler l'impuissance saoudienne, le retour de l'influence syrienne au Liban est désormais acquis. Washington ramène son ambassadeur à Damas, Paris intensifie ses contacts avec le président Bachar el-Assad, le Qatar et la Turquie ne cessent de solliciter la Syrie.

Derrière la Syrie, et malgré certains espoirs en Occident, l'Iran demeure un allié franc et solide.

L'Irak aidant, la Syrie, en parfaite coordination avec l'Iran, a su montrer et ses capacités de nuisance et son potentiel stabilisateur. Cela couvre l'Irak donc, le Liban, la scène palestinienne, et des dossiers d'une extrême sensibilité aussi pour l'Occident, notamment le terrorisme islamique et les menaces pesant sur les intérêts occidentaux.

Pour les puissances occidentales, la Syrie et l'Arabie saoudite sont toutes deux des partenaires nécessaires dans la région, même si le régime baasiste syrien reste dans le giron iranien et même si le wahhabisme virulent s'avère intraitable.

Le projet du début des années 2000, qui misait sur un effondrement du régime alaouite syrien au profit d'un régime sunnite pro-saoudien à Damas, comme au Liban, est mort avec l'assassinat de Rafic Hariri.

Il est enterré maintenant avec le départ de Saad Hariri.

Divergences saoudiennes sur les politiques syro-libanaises

Le clan Hariri a de tout temps été lié au clan des Sudaïris, et au prince, devenu roi et maintenant disparu, Fahd Ben Abdulaziz. L'assassinat de Hariri s'est accompagné de la mort physique et puis politique de Fahd et de son clan, d'une radicalisation menaçante du conflit entre le régime syrien soutenu par Téhéran et la communauté arabe et internationale, et du départ du président Jacques Chirac fidèle appui du réseau saoudo-libanais.

L'héritier politique de Rafic Hariri, Saadeddin Hariri, se retrouve avec le prince Abdulaziz Ben Fahd Ben Abdulaziz, ministre d'État, comme principal soutien en Arabie saoudite, et a dû batailler pour se faire « accréditer » à nouveau par le clan Sudaïris et par le roi Abdullah Ben Abdulaziz comme relai de l'influence saoudienne au Liban.

Il a également bataillé pour se faire accepter par le président Nicolas Sarkozy, après le départ de Chirac.

Il s'est fait pratiquement humilié pour se faire recevoir par le président Bachar el-Assad à Damas. Par contre, il a fini par avoir un soutien franc de la part de l'administration américaine jusqu'à, littéralement, la dernière minute de sa présence au poste de Premier ministre.

Aujourd'hui, Hariri n'est plus PM et il risque de ne plus revenir au pouvoir avant quelque temps.

Ses relations avec le régime syrien sont au plus bas, et ses rapports avec des personnages clés du régime saoudien risquent d'être très fortement affectés par ses indélicatesses à leur égard : l'adjoint du ministre de l'intérieur le prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz et le président de Kingdom Holding le prince al-Walid Ben Talal Ben Abdulaziz notamment. Son image est très affectée, en dépit du réflexe clanique et communautaire au Liban, et il aura le plus grand mal pour remonter la pente au cours des prochaines années. La mise saoudienne n'était pas réussie.

Cela se traduira forcément par un quasi-monopole syrien sur les affaires libanaises, et par une compétition encore plus intense entre les princes saoudiens sur la gestion du dossier libanais. Le retour de l'influence syrienne, avec une certaine bienveillance occidentale, profite aussi, il faut le dire, de cette compétition au sein de la famille royale saoudienne, attisée, elle-même, par l'affaiblissement physique du roi Abdullah.

Le prince Abdulaziz Ben Abdullah Ben Abdulaziz, fils et conseiller du roi chargé du dossier syro-libanais, se retrouve aujourd'hui sous pression, avec le retour aux affaires du SG du Conseil pour la sécurité nationale le prince Bandar Ben Sultan Ben Abdulaziz et l'irritation excessive du ministre des affaires étrangères le prince Saoud el-Fayçal qui s'apprêterait d'ailleurs à passer la main (aux AE) au prince Bandar.

A Riyad, les réseaux princiers se repositionnent en vue d'anticiper le départ du roi Abdullah et du prince héritier Sultan.

Cela affecte très directement les politiques extérieures du royaume, y compris au Levant et donc au Liban. Tout cela ne profitera, in fine, qu'aux Syriens.

Liban / Décideurs : Saad Hariri fait ses excuses à M. Ben Nayef et à al-Walid Ben Talal

Après les révélations compromettantes pour le PM sortant Saad Hariri, sur ses critiques à l'égard de plusieurs personnalités politiques et médiatiques libanaises et arabes dont les princes saoudiens Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz et al-Walid Ben Talal Ben Abdulaziz : « Pour Hariri, Assef Chawkat et Mohammad Ben Nayef se valent: des bouchers ! »), Hariri est entré en contact avec certaines de ces personnalités afin de s'excuser directement auprès d'elles.

L'adjoint du ministre saoudien de l'intérieur pour les affaires de sécurité le prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdulaziz n'a pas voulu répondre aux appels téléphoniques de Saad Hariri, comme l'affirmait le 19/01 le quotidien Assafir, ce qui a contraint le PM libanais sortant à publier un communiqué dans lequel il insiste sur ses bonnes relations avec le prince saoudien.
JPB

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mercredi 26 janvier 2011

LIBAN: Walid Joumblatt le Stratège

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Avec une grande habilité et par le jeu démocratique le Hezbollah et ses alliés ont réussi à faire tomber le gouvernement de Saad Hariri et à nommer leur candidat Négib Mikati.

C'est en grande partie grâce à Walid Joumblatt que ce changement a eu lieu. Ce n'est nullement par peur du puissant Hezbollah avec qui il a su éviter une confrontation militaire préservant sa communauté, mais bien plus parce qu'en fin stratège, il a pressenti depuis déjà plus de deux ans que l'option Occidentale était perdante.

En effet, la perte de vitesse des Etats-Unis sur tout les plans (financier, politique, stratégique..) se fait déjà sentir et par un effet de "dominos" elle entraîne derrière elle la chute des régimes arabes pro-occidentaux comme ce qui se passe actuellement en Tunisie, en Algérie qui sont secoués par des émeutes ainsi que par des troubles en Égypte, Jordanie et au Liban.

Ces régimes sont soutenus à bout de bras par l'argent occidental c'est-à-dire essentiellement par le Dollar.

Or celui ci est moribond et sa chute est déjà programmée.

De plus le Président Obama est en grande difficulté et l'année 2011 sera l'année de préparation de la fin de sa Présidence. Il en est de même pour le Président Sarkozy qui est au plus bas des sondages.

Faut-il pour autant être fataliste?

Bien sûr que non, mais il faut savoir tirer les leçons de cette défaite, en ne comptant plus que sur soi-même, en ne focalisant plus toute une nation et toute la politique de l’État à la recherche des assassins du Président Rafic Hariri (dépolitisons le débat sur le TSL), en donnant la priorité aux problèmes du quotidien des libanais, et en conservant les acquis de la Révolution des Cèdres ( souveraineté, liberté, démocratie ..)..

Jean-Marc Aractingi, Diplomate
 
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lundi 24 janvier 2011

À PROPOS DE LA CÔTE D’IVOIRE

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Pour bien comprendre les évènements qui se passent en Côte d'Ivoire le blog
www.diplogeostrategies.blogspot.com vous invite à lire les ouvrages d'auteurs africains et que nous présente les Editions l'Harmattan.

Voici la présentation:

L’Harmattan, depuis 1975, suit l’actualité africaine au jour le jour, par les travaux de ses auteurs africains.

La Côte d’Ivoire est actuellement en tête d’affiches.Les Editions l'Harmattan présente de nombreux ouvrages qui permettent d’avoir une information plus nuancée et plus juste que celle des grands médias français.

1) COMMENT GOUVERNER AUTREMENT LA CÔTE D'IVOIRE ?

Des suggestions nouvelles et concrètes pour soutenir la dynamique du développement de ce pays

René N'Guettia Kouassi

A travers des pistes de projets à explorer, ce livre tente de mettre en relief des recettes visant à résoudre les problèmes, d'origines diverses et variées, qui caractérisent la Côte d'Ivoire. Ainsi, les problèmes économiques, de chômage, les problèmes de la gouvernance économique et politique, de la sécurité, de l'éducation, de l'immigration, de la diplomatie, se voient offrir une thérapie au moyen de propositions claires. Voici un répertoire de solutions aux nombreuses difficultés qui assaillent la Côte d'Ivoire aujourd'hui.

Coll. Etudes africaines • ISBN : 978-2-296-13213-9 • janvier 2011 • 118 pages • Prix éditeur : 12,5 €



2) OÙ VA LA CÔTE D'IVOIRE ?

Entre la question juula, le complexe d'Akan et le souverainisme de Laurent Gbagbo

Malick Ndiaye

Pour quelles raisons les mêmes types de tensions et de conflits qui existent partout en Afrique de l'Ouest ont-ils produit un tel résultat en Côte d'Ivoire précisément et pas ailleurs ? Et pourquoi la Côte d'ivoire est-elle le seul pays où l'on discute encore 50 ans après les Indépendances pour savoir qui est Ivoirien et qui ne l'est pas ? Poser ces questions ne revient pas à jeter l'opprobre sur un pays, mais à interroger une réalité sociale dont les premiers à souffrir sont les Ivoiriens eux-mêmes.

ISBN : 978-2-296-54091-0 • janvier 2011 • 248 pages • Prix éditeur : 24,5 €


3) CÔTE D'IVOIRE DE L'IMPASSE AU CHAOS : QUELLE ISSUE ?

Harmattan Congo

Ce livre rappelle d'abord la faillite du système électoral ivoirien en décrivant le contexte juridique et "compromissoire" international qui a prévalu dans l'organisation de ce processus. Il décrit ensuite le risque d'embrasement de la sous-région d'Afrique de l'Ouest du fait de l'issue incertaine de la crise. L'analyse esquisse enfin une approche de solution et de sortie de crise en privilégiant la diplomatie civile et humanitaire et, au-delà, en plaidant pour de nouvelles réformes institutionnelles en Afrique.

ISBN : 978-2-296-13076-0 • janvier 2011 • 114 pages • Prix éditeur : 12 €


4) LA CÔTE D'IVOIRE FACE À SON DESTIN

Et si l'Afrique était Gbagbo ?

Sous la direction de Claude Koudou

Qui est pour l'expérience démocratique en Côte d'Ivoire, qui est le plus à même de garantir la liberté des citoyens ? Qui donne de bons signaux pour lutter contre la corruption ? Qui porte un programme lisible et crédible ? Qui est pour la solidarité et le partage ? Les élections ne seront pas une fin en soi en Côte d'Ivoire, mais certainement un nouveau départ si tous les Ivoiriens se montrent responsables.

Coll. Afrique liberté • ISBN : 978-2-296-13268-9 • novembre 2010 • 136 pages • Prix éditeur : 10 €


5) LAURENT GBAGBO L'ÉTOILE DES TEMPS NOUVEAUX

Germain Dekoula

A partir des années 90, un autre son de cloche se fait entendre dans le ciel politique ivoirien : Laurent Gbagbo et le Front Populaire Ivoirien imposent le multipartisme et engagent le pays sur la voie de la démocratie. Ce combat qui portera Laurent Gbagbo au pouvoir en 2000 est vite contrarié par les forces réactionnaires, qui imposent la violence et la guerre. Dr Sekoula, compagnon de lutte de Laurent Gbagbo, décrit le cheminement et la résistance d'un homme politique qui incarne la nouvelle personnalité de l'Afrique.

Harmattan Côte-d'Ivoire • ISBN : 978-2-296-12807-1 • novembre 2010 • 90 pages • Prix éditeur : 11 €


6) GBAGBOLOGIE. Livre I : de la vision à la présidence de la République

Sèèd Zehe

Cet essai est le premier d'une série d'ouvrages que l'auteur entend consacrer à la pensée et à l'œuvre politiques de Laurent Gbagbo, Président de la Côte d'Ivoire. Il revient sur les soubresauts qui ont jalonné l'histoire de la transition politique en Côte d'Ivoire, l'avènement conflictuel du multipartisme et l'enfantement douloureux de la démocratie depuis l'accession de la Côte d'Ivoire à l'Indépendance jusqu'aux élections présidentielles d'octobre 2010. L'auteur retrace l'histoire de l'engagement politique de Laurent Gbagbo.

Coll. Pensée Africaine • ISBN : 978-2-296-13204-7 • octobre 2010 • 126 pages • Prix éditeur : 13 €


7) CÔTE D'IVOIRE : LES CAVALIERS DE L'APOCALYPSE

Théophile Koui

La Côte d'Ivoire, jadis vitrine de la réussite économique en Afrique noire, est en crise grave depuis l'aube du 21e siècle. Charge d'un citoyen ivoirien contre les coupables d'une telle Apocalypse : qui donc est responsable de ce gâchis historique ? Est-ce la Colonisation, qui a bon dos, ou le régime FPI, corrompu et faussement patriote, en place depuis l'année 2000, reconduit par la force d'un mandat blanc et qui veut à tout prix se perpétuer avec un 3e mandat ?

Coll. Points de vue • ISBN : 978-2-296-09656-1 • septembre 2010 • 88 pages • Prix éditeur : 11 €

8) LAURENT GBAGBO

L'intellectuel et Le politique

André-Julien Mbem

Ici, l'auteur a davantage choisi de questionner le parcours politique d'un homme et non la totalité d'un champ politique dont Laurent Gbagbo est l'un des acteurs majeurs. Car, si dans l'Afrique contemporaine les allégeances politiques obéissent parfois à des logiques claniques ou tribales, il existe en revanche des hommes politiques qui ont pensé le devenir des sociétés africaines sur la base de majorités d'idées, de doctrines ou d'idéologies comme dans le reste des régions du monde.

Grandes figures d'Afrique • ISBN : 978-2-296-10424-2 • septembre 2010 • 102 pages • Prix éditeur : 11 €

9) TÉMOIGNAGE SUR LA CRISE IVOIRIENNE

De la lutte pour la Démocratie à l'épreuve de la rébellion

Moïse Lida Kouassi

Préfaces de Kabran Appia et Henri Légré Okou. Avant-propos de Michel Gnéba Kokora

Le régime du Président Laurent Gbagbo est freiné dans son élan par l'éclatement d'une crise armée, le 19 septembre 2002, une crise qui se présente sous la forme d'un coup d'Etat manqué et qui se mue en rébellion avec pour conséquence la division du pays. A l'avènement de la crise, le ministre de la Défense et de la Protection civile se trouve, dans l'exercice de ses fonctions, seul à la barre ce 19 septembre. Ce livre est donc à la fois une autobiographie, le témoignage d'un acteur de premier plan et un essai politique.

Coll. Etudes africaines • ISBN : 978-2-296-11787-7 • juillet 2010 • 274 pages • Prix éditeur : 24,5 €


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La Stratégie de Puissance Chinoise en Afrique vue du Cameroun

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La stratégie de puissance chinoise en Afrique vue du Cameroun



                                         Guy Gweth

Doté d’un PIB de plus de 5200 milliards de dollars en 2010, la Chine est devenue la deuxième économie mondiale devant le Japon. Elle ravira très certainement la première place aux Etats-Unis d’ici 2025. Avec 2400 milliards de réserve de change fin 2009, l’Empire du Milieu (et ses 1.338 millions d’habitants) a les moyens d’acquérir du savoir-faire, des technologies, des ressources et l’influence internationale nécessaires tant à sa demande intérieure qu’à son nouveau statut de grande puissance mondiale. L’intensification des relations sino-africaines au cours des 30 dernières années marque l’intérêt croissant de Pékin pour les matières premières, les terres arables, le commerce du made in China, et la domination dans les instances internationales. Regardé comme « l’Afrique en miniature », le Cameroun apparaît comme un excellent site d’observation de la stratégie de puissance chinoise en Afrique.

Par Guy Gweth pour http://www.diplogeostrategies.blogspot.com/

Consultant en intelligence économique chez Knowdys LLC

Ancien du CEDS et de l’Ecole de Guerre économique de Paris

Introduction

En 1973, Alain Peyrefitte reprit l’avertissement lancé par Napoléon Bonaparte deux siècles plus tôt: « Quand la Chine s’éveillera… Le monde tremblera. » Alors que la Chine était regardée comme « un géant aux pieds d’argile », l’auteur français nageait à contre courant : « vu le nombre de Chinois, écrivait Peyrefitte, lorsqu’ils auront atteint une culture, une technologie suffisantes, ils pourront imposer les idées au reste du monde. »[1] De la victoire des communistes de Mao Tsé-Toung en 1949 à l’organisation de l’Exposition universelle de Shanghai 2010 en passant par l’obtention des Jeux olympiques de 2008, la Chine s’est éveillée.[2] Ses atouts ? Une stratégie de puissance élaborée, un régime politique structurellement fort, un développement économique et technologique fulgurant, un immense marché intérieur, un remarquable sens des affaires et une diaspora attachée à la mère-patrie.

Selon un rapport[3] du département Intelligence économique de PWC[4] publié en mars 2006, sur l’état du monde en 2050, « la Chine pourrait dépasser les États-Unis d’ici 2025 pour devenir la plus grande économie du monde. Elle devrait poursuivre sa croissance pour acquérir d’ici 2050 une taille équivalente à 130 % de celle de l’économie américaine. » L’économie chinoise a cru de 10% par an au cours des 10 dernières années. Depuis 2003, la Chine est devenue le deuxième consommateur de produits pétroliers après les Etats-Unis et devant le Japon. L’Empire du Milieu a besoin de ressources naturelles que l’Afrique est en mesure de lui apporter. En faisant le choix de l’économie de marché au début des années 1980, Pékin s’est lancé corps et âme dans la grande compétition économique mondiale. Profitant totalement de l’hyper consommation occidentale, les usines chinoises ont tourné à plein régime ces dernières années provoquant l’intensification des relations économiques et commerciales avec l’Afrique et, suite logique, la flambée des cours des matières premières.

En 1995, c’est Jiang Zemin qui a solennellement décrété le top départ de l’internationalisation des entrepreneurs chinois : « Sortez, avait lancé le dirigeant communiste. Devenez des entrepreneurs mondiaux ! » Plusieurs des grandes entreprises chinoises ont choisi l’Afrique, parce qu’elles peuvent y voir leurs concurrents à l’œuvre et les étudier, sans être trop jugées sur la qualité de leurs produits. Dans ce sens, le continent noir est un terrain d’essai idéal pour des entreprises chinoises qui veulent devenir globales. Depuis, « le gouvernement chinois encourage donc les entreprises à investir en Afrique dans des secteurs aussi variés que le commerce, l’agriculture, la construction, les mines, le tourisme. »[5] Aujourd’hui, l’Afrique abrite un millier d’entreprises chinoises, un chiffre en constante augmentation. Le volume des échanges a été multiplié par dix depuis 2000 pour atteindre 107 milliards de dollars en 2008. Certes le PCC continue de maîtriser le destin des grandes entreprises publiques à l’instar de la China Petrochemical Corporation (Sinopec) ou la China National Machinery and Equipment Corporation (CNMEC) mais il a de moins en moins prise sur les activités des entreprises privées et beaucoup moins sur les milliers de petits commerçants qui ont pris d’assaut les marchés africains.

Les échanges avec la Chine sont cependant une chance et un danger comme le notait en janvier 2005 Moeletsi Mbeki, vice-président de l’Institut sud-africain des affaires étrangères de l’université de Witwatersrand, à Johannesburg: « En échange des matières premières que nous leur vendons, nous achetons leurs produits manufacturés. Et cela ne peut qu’avoir un résultat prévisible : une balance commerciale négative. N’assiste-t-on pas à la répétition d’une vieille histoire ? »[6] Malgré une légère inflexion observée ces dernières années, les investissements directs étrangers chinois continuent de cibler prioritairement les pays riches en ressources minières dont le Cameroun. L’air de rien, deux principales clés donnent accès au décryptage du dispositif déployé par Pékin: l’art de la guerre (1) et la stratégie de la lamproie (2).

1 – L’art de la guerre économique

La première traduction française de « L’art de la guerre »[7] de Sun Tzu est celle du Père Amiot, missionnaire jésuite, qui paraît à Paris en 1772 sous le titre Les XIII articles. L’une des grandes idées de « L’art de la guerre » réside dans la considération de tout le potentiel disponible, chez ses associés ou ses ennemis, quelle que soit la situation. Tout le jeu consiste à faire tourner ce potentiel à son propre profit, la stratégie n’étant pas une science exacte. C’est pourquoi l’art de la guerre économique à la chinoise est fait de créativité, de rupture et d’anticipation. Dans l’idéal, ce qu’il faut faire, le stratège chinois le fait faire par son adversaire (conscient ou non). « L’art de la guerre » apparaît donc comme un traité de stratégie situationnelle applicable aux contextes en mutation permanente. Des auteurs comme Jean-François Phelizon[8] voient très clairement dans les manœuvres des entreprises telles que les OPA[9] amicales, de véritables illustrations des idées de Sun Tzu. Car « convaincre la partie adverse qu’elle a perdu la bataille est la meilleure façon de vaincre ».

En quête de matières premières vitales pour son économie (1.1), la Chine n’a-t-elle pas fini par convaincre de son grand intérêt pour l’Afrique grâce à une hyper activité diplomatique (1.2), des échanges commerciaux en croissance exponentielle (1.3) et un soft power (1.4) à toute épreuve sur continent ?

1.1 Au nom des matières premières

Deuxième consommateur mondial de pétrole derrière les États-Unis, la Chine acquiert dorénavant plus du tiers de ses besoins en hydrocarbures sur le continent africain avec en tête l’Angola (devenue le premier fournisseur de la Chine devant l’Arabie Saoudite). Le brut d’autres producteurs tels que le Cameroun, le Congo Brazzaville, le Gabon, le Nigeria et le Soudan intéressent également les raffineries chinoises, ces deux derniers étant les plus gros bénéficiaires des investissements directs chinois sur le continent. L’Afrique fournit désormais un tiers du pétrole importé par Pékin. « L’usine du monde » a tout simplement besoin d’énergie pour alimenter sa croissance. A cela s’ajoute un intérêt non négligeable pour d’autres ressources telles que le bois (60% de la production africaine est vendue en Chine) et les matières premières agricoles pour lesquelles l’Empire du Milieu déploie une grande politique d’acquisition des terres arables dans les pays comme le Zimbabwe, le Congo ou le Cameroun.

1.1.1 A la conquête des terres arables africaines

Après les hydrocarbures, les matières premières agricoles constituent l’autre priorité de la consommation intérieure chinoise. Fort de 1.300 millions d’habitants (22% de la population mondiale à nourrir) et seulement 7% des terres mondiales cultivables, la Chine est confrontée à une augmentation constante de la consommation interne de produits agricoles. Car malgré les mesures sévères prises pour limiter l’aliénation de ces terres, la surface totale des espaces cultivables continue de diminuer, de manière inexorable. D’où la nécessité de conquérir de nouvelles terres arables à l’étranger, aussi bien en Asie, en Amérique latine, qu’en Afrique.

Au cours de la décennie qui s’achève, la Chine a lancé plusieurs programmes visant, d’une part, à acquérir les terres arables en Afrique au profit des entreprises publiques chinoises et, d’autre part, à exporter leur surplus de main d’œuvre agricole. C’est ainsi qu’au Zimbabwe, la société publique China International Water and Electric a acquis du gouvernement de Robert Mugabe le droit d’exploiter plus de 100.000 hectares de maïs dans le sud du pays, et qu’en république démocratique du Congo, le géant chinois des télécommunications, ZTE International, a acquis 2,8 millions d’hectares de forêt pour y planter des palmiers à huile.

Il faut dire que les résultats des efforts et du savoir-faire chinois produisent des résultats exceptionnels qui séduisent les dirigeants et forcent l’admiration des populations africaines. Serge Michel, co-auteur avec Michel Beuret et Paolo Woods de La Chinafrique, Pékin à la conquête du continent noir[10] en témoigne : « en octobre 2006, j’ai été reçu par le président de la Guinée, Lansana Conté. Il sortait de sa sieste et m’a parlé de la culture du riz, son obsession. C’est là qu’il a mentionné les Chinois: ‘Je leur ai donné un champ tout sec et vous devriez voir ce qu’ils en ont fait!’ Il comparait leur attitude à celle des Blancs qui, dans son esprit, sont restés des colons qui veulent s’emparer des ressources de l’Afrique sans travailler. Cette idée que les Chinois mettent la main à la pâte impressionne fortement les Africains. »

En réponse à la crise alimentaire globale et à la flambée des prix des denrées alimentaires, une entreprise de semences chinoise, la Chongqing Seed Corp a décidé de s’implanter sur 300 hectares en Tanzanie où le manque de céréales contraste avec l’abondance des terres cultivables. Objectif : cultiver du riz de variétés qu’elle a elle-même mise au point et qui sera, au moins en partie, vendu en Chine. Ce projet tanzanien s’inscrit dans un vaste programme, convenu entre la Chine et des pays africains lors du sommet de novembre 2006, prévoyant la mise en place de 10 centres agricoles chinois en Afrique. Les rendements en riz prévus (60 à 75 q/ha) sont 2 à 3 fois supérieurs à ceux couramment relevés en Tanzanie. La même entreprise, qui mène une expérience comparable au Laos depuis 2005, prévoit aussi de fournir des semences aux agriculteurs tanzaniens (sous contrat) auxquels elle rachètera la récolte.

D’après Liu Jian, ancien directeur adjoint du Ministère chinois de l’agriculture, « installer les usines en Afrique en profitant des techniques chinoises, qui sont au point, et des ressources locales est réalisable pour les usines d’engrais azotés et d’engrais phosphatés qui ne peuvent pas exporter leurs produits à cause des politiques de droits de douane »[11]. Les dirigeants chinois pensent que le niveau de l’agriculture africaine actuelle est similaire à celui de la Chine il y a 60 ans et qu’on peut imaginer le potentiel africain à l’aune du modèle chinois.

1.1.2 Le cas du Cameroun

La conquête des terres arables par les entrepreneurs chinois est diversement appréciée au Cameroun. Alors que les autorités soutiennent que l’expertise chinoise peut aider à accroître la production agricole de manière considérable, les populations locales, souvent exclues des négociations, crient à l’exploitation de la main d’œuvre locale (huit heures de travail par jour pour un salaire mensuel de vingt-cinq milles francs CFA), aux conditions de travail déplorables (absence de couverture sociale) et à l’exportation d’une grande partie de la production chinoise au Cameroun (au détriment de la consommation locale).

En 2006, l’État camerounais a cédé 10 000 ha de terres agricoles pour une durée de 99 ans à Sino Cam Iko, une multinationale chinoise spécialisée dans la production, la transformation et la commercialisation de produits agricoles. L’entreprise chinoise s’est installée sur trois sites dont Ndjoré (un site de 4000 hectares situé à 100 kilomètres de la capitale camerounaise) et Nanga-Eboko (2 000 hectares situés à 170 kilomètres de Yaoundé), des espaces réputés pour leur fertilité exceptionnelle. A Nanga-Eboko, Sino Cam Iko a planté des cultures expérimentales de fruits et légumes, de maïs ainsi que 200 variétés de riz ; et consacré Ndjoré à la culture du manioc. D’après des experts du ministère camerounais de l’agriculture (ayant requis l’anonymat), la production de riz au Cameroun par les Chinois devrait contribuer à réduire les importations : 400 000 tonnes par an pour une production locale de 50 000 tonnes, chiffres que les diplomates chinois ne manquent de convoquer dans leur discours officiel.

1.2 L’offensive diplomatique chinoise

Les relations sino-africaines ne sont pas aussi récentes que peuvent laisser penser les chroniques journalistiques occidentales. Dans les années 1950 déjà, le premier ministre chinois Zhou Enlai profite de la conférence de Bandung pour rencontrer les dirigeants égyptiens, ghanéens, libyens, éthiopiens, libériens, et soudanais. Bandung marquait l’entrée du Tiers-Monde sur la scène internationale et posait les bases du mouvement des non-alignés. A l’époque, les motivations de la Chine sont avant tout politiques et idéologiques. On le voit à travers son soutien aux luttes anticoloniales en Angola, en Algérie ou en Rhodésie du sud et la récupération par la Chine du siège de membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies en 1971 (après 22 ans d’exclusion au profit de Taiwan). Avec la disparition de Mao Tsé-Toung, la Chine se fait plus discrète mais reste active dans les pays tels que le Bénin, le Togo et le Cameroun. A ce jour Pékin est en relation avec la quasi-totalité des pays de l’Union africaine à l’exception de la Gambie, le Swaziland, le Burkina Faso et São Tomé & Principe, quatre pays qui continuent à reconnaître Taïwan contre dix en 1993.

1.2.1 Vue d’Afrique

La politique extérieure de la Chine est élaborée par la commission des affaires étrangères du Comité central du Parti communiste présidé par Hu Jintao. C’est dire si le parti communiste chinois (PCC) a la haute main sur les affaires africaines. Les dirigeants des principales banques, des think tanks[12] et des grands groupes publics sont également les cadres du parti à l’instar de Li Ruogu, président de la banque de crédit à l’exportation China Exim Bank ou de Li Ruo Hong, fondateur de plusieurs organisations de la société civile tournées vers l’Afrique. Les ministères des Affaires étrangères et du Commerce, respectivement dirigés par les ministres Yang Jiechi, ancien ambassadeur de Chine aux États-Unis, et Chen Deming, ancien maire et secrétaire du comité du Parti communiste de Suzhou assurent la mise en œuvre de la stratégie définie par le PCC. Le ministère des Affaires étrangères supervise 47 ambassades et 9 consulats sur le continent africain.

L’Afrique est gérée par deux départements. Le département Afrique du nord et Moyen orient est dirigé par Song Aiguo, ancien ambassadeur de Chine en Turquie. Il est en charge de la planification des relations bilatérales et anime le Forum sino-arabe de coopération. Le département Afrique subsaharienne est quant à lui sous la responsabilité de Mme Zhang Ming. Cette dernière est responsable du suivi du Forum sino-africain de coopération et a activement œuvré à la réussite du sommet Chine-Afrique de novembre 2009 à Charm el-Cheikh en Egypte. La nouvelle stratégie officielle du PCC pour l’Afrique est consignée dans le Livre Blanc sur la politique africaine de la Chine publié en 2006.

A côté du PCC, et grâce à la décentralisation, de grandes capitales comme Shanghai et Pékin, ainsi que des provinces relativement autonomes comme le Guandgong ou Henan (dont les groupes du BTP sont en forte croissance en Afrique centrale et de l’ouest) ont élaboré leur propre stratégie de conquête des marchés africains. Certaines sont désormais en jumelage[13] avec les grandes capitales africaines. Leur capacité à travailler en réseaux et à échanger des informations stratégiques est l’une des clés du succès chinois à l’international.

Depuis Bandoeng, la Chine a donc conservé un intérêt marqué pour l’Afrique, intérêt qui a cependant varié et cru au cours de la décennie qui s’achève. En témoignent, la mise en place d’un Forum bilatéral de discussion sino-africain (FOCSA), dont la quatrième session s’est tenue (on l’a vu plus haut) en Egypte en novembre 2009, le millier d’entreprises chinoises présentes en Afrique et les nombreuses visites du président chinois sur le continent. De janvier 2004 à février 2009, Hu Jintao s’est en effet rendu, en compagnie d’importantes délégations d’hommes d’affaires chinois, dans 18 pays africains : l’Égypte, le Gabon et l’Algérie en janvier 2004 ; le Maroc, le Nigeria et le Kenya en avril 2006 ; le Cameroun, le Liberia, le Soudan, la Zambie, la Namibie, l’Afrique du Sud, le Mozambique et les Seychelles en février 2007 ; le Mali, le Sénégal, la Tanzanie et Maurice en février 2009.

1.2.2 Vue du Cameroun

Les relations sino-camerounaises n’ont pas démarré sous les meilleurs auspices pour une raison simple : jusqu’au début des années soixante-dix, Yaoundé coopérait avec Taïwan en « représailles » au soutien apporté par le Parti communiste chinois (PCC) à l’Union des populations du Cameroun (UPC). C’est la visite du président Amadou Ahidjo en 1973 dans l’Empire du Milieu qui apaise les tensions entre les deux pays. Yaoundé obtient des gages de Pékin et, en retour, reconnait tacitement le principe d’une seule Chine. Cette visite historique marque officiellement le début des relations sino-camerounaises. Commence alors une intense et fructueuse coopération qui aboutit à la création de la Commission mixte sino-camerounaise[14] le 26 septembre 1986 à Beijing.

Marquée par plusieurs rencontres au sommet[15], l’intensité des activités diplomatiques chinoises au Cameroun est – pour mobiliser un exemple récent – à l’image de la visite au Cameroun de Jian Qinglin, le président du Comité national de la conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), le mardi 23 mars 2010, visite ponctuée par la signature de huit nouveaux accords:

- Un « accord de coopération économique et technique entre le gouvernement de la République Populaire de Chine et le gouvernement de la République du Cameroun (relatif à un don sans contrepartie d’un montant de cinquante millions de yuans) » ;

- Un «accord de coopération économique et technique entre le gouvernement de la République du Cameroun (relatif à un prêt sans intérêt d’un montant de cinquante millions de yuans)» ;

- Une « convention du crédit acheteur préférentiel du projet de réhabilitation de la société MATGENIE au Cameroun » ;

- Un « mémorandum d’entente et de coopération globale sur le financement des projets au Cameroun » ;

- Une «convention-cadre relative à la réalisation des investissements agricoles au Cameroun» ;

- Un « protocole d’accord sur la donation en matière de formation des nouvelles technologies dans le réseau postal camerounais » ;

- Deux accords relatifs à l’importation du bois camerounais par la Chine.

Après l’inauguration le 22 juin 2009 d’un palais polyvalent des sports de 5000 places à Warda (Yaoundé), la coopération chinoise a amorcé de nombreux projets depuis la visite officielle de Président Hu Jintao, fin février 2007, au Cameroun. On signalera tour à tour le projet de construction de l’hôpital gynéco-obstétrique de Douala, le projet Back Bône de transmission par fibre optique à Kye-Ossi, le projet de construction du centre pilote des technologies agricoles de Nanga Eboko, les projets de construction des stades de Limbé et de Bafoussam et le projet de construction de la mini-centrale hydro-électrique de Mekin, pour ne citer que les principaux. L’ensemble de ces réalisations concourent, d’une manière ou d’une autre, à l’accroissement des échanges économiques et commerciaux entre la Chine et le Cameroun.

1.3 Des échanges commerciaux en croissance exponentielle

La coopération économique et commerciale sino-africaine est étroitement liée à l’aide de Pékin aux pays africains. Les deux croissent dans les mêmes proportions. Lors du Sommet France-Afrique de novembre 2009 en Egypte, le premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré : « j’ai lu un livre intitulé ‘L’aide fatale’ écrit par Dambisa Moyo […] l’auteur conclut que l’assistance de la Chine à l’Afrique est sincère, crédible, pratique et efficiente, et appréciée des Africains. Je suis certain que le temps prouvera que l’amitié et la coopération entre les peuples chinois et africains est promu a un bel avenir. » Belle entrée en matière !

1.3.1 A l’échelle du continent africain

Dans L’aide fatale, son ouvrage à succès devenu best seller aux Etats-Unis[16], Dambisa Moyo écrit justement, page 129 : « l’aide est une drogue pour l’Afrique. Depuis soixante ans on la lui administre. Comme tout drogué, elle a besoin de prendre régulièrement sa dose et trouve difficile, sinon impossible, d’imaginer l’existence dans un monde où l’aide n’a plus sa place. Avec l’Afrique, l’Occident a trouvé le client idéal dont rêve tout dealer. » On pourrait remplacer l’Occident par la Chine, tant cette dernière manie à merveille l’arme de l’aide pour fluidifier et entretenir sa coopération économique et commerciale avec les pays africains.

En 2000, la Chine a effacé une ardoise de 1,5 milliard de dollars de dette au profit de pays africains. Deux ans plus tard, elle leur a accordé 1,8 milliard de dollars d’aide au développement. En 2003, elle a de nouveau annulé une dette de 750 millions de dollars. En 2006, elle a signé avec les pays africains des accords commerciaux de l’ordre de 60 milliards de dollars. De 2000 à 2005, les flux d’investissements directs chinois en Afrique ont atteint un total de 30 milliards de dollars. Lors du dernier sommet Chine-Afrique, en novembre 2006, Pékin s’était fixé comme objectif de doubler d’ici à 2010 le commerce bilatéral avec l’Afrique pour atteindre les 100 milliards de dollars. Objectif atteint dès 2008 avec des échanges d’un montant de 106,8 milliards.

Avec un volume de 120 milliards de dollars, la Chine est devenue le deuxième partenaire économique du continent, derrière les États-Unis. Les importations chinoises en provenance de l’Afrique sont essentiellement constituées de matières premières (85 %) alors que les exportations vers l’Afrique sont majoritairement composées de produits manufacturés (à hauteur de 94 % du total). En 2009, la Chine a octroyé 10 milliards de dollars de prêts et une exemption des droits de douanes pour 95 % de produits en provenance des « pays africains les moins développés ayant des relations diplomatiques avec la Chine, en commençant avec 60 % des produits dès 2010 ».

1.3.2 Au niveau du Cameroun

Plus que jamais d’actualité, le rapport publié en janvier 2007 par la fondation allemande Freidrich Ebert Stiftung sous le titre « Comment les Chinois fragilisent l’économie camerounaise » rend à peu près compte de la situation du Cameroun dans son partenariat économique avec l’Empire du Milieu. L’étude met en évidence l’asymétrie de la relation sino-camerounaise si peu évoquée dans les cercles diplomatiques sino-camerounais.

Prenant appui sur les accords de coopération où la Chine assure la maintenance technique, les analystes de la fondation allemande notent, en effet, que la partie camerounaise se contente de surveiller mollement l’application des normes contractuelles tandis que, dans neuf cas sur dix, les Chinois assurent seuls la conduite des opérations en important aussi bien la main d’œuvre que le matériel de Chine.

D’autre part, les importations de la Chine vers le Cameroun sont en nette croissance depuis 2001 (où elles cumulaient à 34 millions de francs CFA). En 2004 par exemple, ces importations ont atteint 67 milliards de francs CFA, majoritairement constituées de produits manufacturiers (agroalimentaire, électroménager, matériel roulant, habillement, etc…). Dans le même temps, les exportations du Cameroun à destination de la Chine ont stagné autour 20,5 milliards de francs CFA en moyenne, exportations essentiellement basées sur les grumes dont la transformation en Asie crée de l’emploi en Chine. « Que ce soient en 2003 ou en 2004, la balance commerciale entre la Chine et le Cameroun a été largement déficitaire pour le Cameroun et bénéficiaire pour la Chine », précise le rapport.

Pour ce qui est des flux financiers, une part importante des ressources mobilisées par les commerçants chinois pour assurer l’importation au Cameroun de produits chinois n’intègre pas le circuit monétaire local et provoque une raréfaction de la monnaie. Ces fonds retournent, en effet, vers les banques chinoises en transitant par deux principaux établissements financiers : Western Union (pour le transfert rapide) et la Standard Chatered Bank (où les dépôts de ressortissants chinois ont une durée de séjour moyenne de six mois maximum.)

Dans le cadre de l’appui chinoise au développement du secteur privé camerounais, les analystes soulignent le bilan négatif des tentatives de joint venture entre entreprises camerounaises et chinoises et mobilisent deux projets à l’appui de leur argumentaire : celui des entreprises de rechapage des pneus et celui de fabrication de motoculteurs financés à hauteur de 7 milliards de francs CFA par la chinoise Exim-Bank. Le rapport publié par la Friedrich Ebert Stiftung relève plusieurs types de difficultés: l’absence dans l’étude de faisabilité de l’analyse des facteurs essentiels à la viabilité des projets, le partage inéquitable des responsabilités dans l’exécution du projet, le suivi insuffisant de l’exécution des projets par la partie camerounaise ; la mauvaise compréhension et par voie de conséquence l’interprétation erronée des clauses de partenariat par l’un et/ou l’autre partie, le peu de maîtrise par la partie camerounaise du fonctionnement des mécanismes de financement de ses partenaires chinois, l’existence de nombreuses imprécisions voire des non-dits dans le contenu des accords, etc. A cela s’ajoute l’absence de mécanismes d’arbitrage pour régler les cas de conflits entre parties signataires.

Il est intéressant de remarquer que, hormis en Afrique australe (Afrique du Sud, Zambie et Malawi notamment), les études critiques sur la présence chinoise sur le reste du continent et au Cameroun en particulier sont commandées et/ou menées par des organismes internationaux, des associations, journalistes, think tanks étrangers. Car c’est aussi sur le terrain du soft power que Pékin concurrence les grandes puissances occidentales en Afrique.

1.4– Le soft power à la chinoise

Paru en Grande Bretagne au XIXè siècle, le concept de soft power (littéralement « puissance douce ») a été convié pour la première fois dans les relations internationales en 1990 par l’internationaliste américain Robert Nye dans Bound to lead.[17] Il désigne la capacité d’une personne morale à influencer le comportement d’une cible en fonction de ses intérêts par des moyens non coercitifs. L’approche américaine jouant un rôle structurant dans la vision chinoise des relations internationales, elle sert à la fois de modèle et de contre-modèle aux aspirations de Pékin. C’est pour cette raison que de multiples traductions circulent en Chine où le soft power renvoie aussi bien aux expressions ruan liliang, ruan shili qu’à ruan quanli. D’après Barthélemy Courmont[18], les internationalistes chinois souhaitent « dépasser le simple constat que la culture chinoise est un atout dans la quête de puissance de Pékin, pour formuler une véritable stratégie misant sur cet atout pour accélérer le processus de montée en puissance chinoise. »

Or Pékin repousse habilement l’étiquette d’hyper-puissance, statut par trop connoté et contraignant au regard des « obligations » internationales qu’il draine : interventionnisme, ingérence dans les affaires intérieures des Etats étrangers… etc. Ce sentiment s’accompagne d’une volonté d’éviter tout conflit avec les États-Unis et conduit les dirigeants chinois à privilégier une stratégie d’influence pragmatique et patiente. Cette «faculté à ne pas se disperser »[19] ne rend-elle pas son ascension inéluctable ? En janvier 2006, le Président Hu Jintao précisait que « le renforcement du statut international de la Chine et de son influence internationale doit être reflétée à la fois dans un hard power incluant l’économie, les sciences et la technologie, et la défense nationale, et dans un soft power comme la culture. »

Pour contribuer à atteindre ce dernier objectif, les universités chinoises ont accueilli 2 757 étudiants africains en 2005 et jusqu’à 3 737 pour l’année 2006, soit une hausse de 40%, d’après les statistiques officielles du ministère chinois de l’éducation. Lors du Forum sur le Coopération sino-africaine qui s’est tenu en novembre 2009 en Egypte, les autorités chinoises ont solennellement annoncé qu’elles porteraient à 5 500 le nombre de bourses pour les étudiants africains. A quoi s’ajoute le projet d’extension planétaire des instituts Confucius, déjà 282 dans le monde en 2010 dont un dans la capitale camerounaise.

1.4.1 En Afrique de manière générale

En septembre 1960, l’Institut des Langues étrangères de Beijing ouvre un bureau d’accueil pour les non Chinois. Cinq ans plus tard, le 9 janvier 1965, l’École supérieure préparatoire pour les étudiants étrangers fondée en 1962 devient l’Institut des langues de Beijing, à la demande du premier ministre Zhou Enlai. Cet établissement précèdera l’inauguration de l’Université des Langues et de la Culture de Beijing (ULCB), spécialisée dans l’enseignement du chinois aux étrangers. En plus de quarante ans d’existence, l’ULCB a formé près de 4 000 étudiants originaires de plus de 40 pays d’Afrique.

D’après le diplomate et sinologue gabonais Samuel Okouma Mountou[20], la formation et le perfectionnement des étudiants africains constituent l’un des volets stratégiques de la coopération sino-africaine. « En 1988, plus de 1500 étudiants africains poursuivent leurs études dans les universités chinoises, repartis dans les domaines variés tels que : médecine, relations internationales, informatique, agronomie, architecture, pétrochimie, génie civile, électronique, langue chinoise, beaux arts, etc. A cet effet, ces étudiants africains bénéficient de la bourse de coopération chinoise et, entre autres, ils sont pris en charge par la Chine… »[21] Les bourses d’études offertes par le gouvernement chinois aux étudiants africains couvrent à la fois les frais liés à la scolarité et ceux liés au logement, à l’habitat, à l’alimentation. Liu Jinghui, un officiel du gouvernement chinois, est formel : « la Chine prête une attention particulière à l’éducation, et les étudiants étrangers sont très importants… » Pour ce cadre du parti communiste, les étudiants étrangers peuvent aider les universités chinoises à devenir de plus en plus internationales. En 2005, la Chine comptait plus de 140 000 étudiants étrangers.

L’enseignement de la langue chinoise constitue une part importante du dispositif mis en place par Pékin pour conquérir le monde et l’Afrique. Depuis quelques années, apprendre le chinois est à la mode en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique ; et les dirigeants chinois ont parfaitement perçu les enjeux de ce regain d’intérêt. Désormais, ils attachent du prix à visiter les établissements qui dispensent l’enseignement du chinois chaque fois qu’ils se déplacent en Afrique. Le président Hu Jintao en visite au Kenya a ainsi tenu à rencontrer les étudiants et le personnel de l’Institut Confucius de Nairobi le 29 avril 2006. Deux mois plus tard, le 20 juin 2006, c’était au tour du premier ministre Wen Jiabao, en visite au Congo, de saluer les enseignants et les élèves apprenant le chinois dans un lycée de Brazzaville. En visite officielle au Cameroun, Jia Qinglin, Président du Comité National de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois, a sacrifié au même rituel le 24 mars 2010 à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) où est logé l’Institut Confucius de Yaoundé.

1.4.2 Au Cameroun en particulier

Depuis le premier trimestre de l’année 2000, Pékin a décidé d’intensifier sa coopération scientifique et universitaire avec les universités d’Etat du Cameroun. C’est dans cette perspective qu’elle a activement encouragé l’ouverture, à l’IRIC, de l’institut Confucius de l’Université de Yaoundé II (inauguré en novembre 2007) ainsi que son annexe de Douala (ouvert le 27 mars 2009). Fait notable, le discours de Jiang Yulan, directeur du centre d’apprentissage de l’IRIC, est le même que celui du gouvernement central chinois : « L’Institut Confucius a pour objectif d’augmenter le nombre d’étudiants, de les rendre compétitifs sur le plan mondial et surtout en Chine, de sorte qu’ils puissent facilement s’adapter au système s’ils venaient à y suivre des études. »

Depuis 1973, le gouvernement chinois octroie une dizaine de bourses en moyenne par an aux étudiants camerounais. Pour le compte de l’année académique 2010-2011, Pékin a mis 24 bourses d’études supérieures à la disposition du Gouvernement camerounais dont 9 du niveau Baccalauréat et 15 pour les aspirants au Master. Ces bourses s’adressent aux jeunes camerounais engagés dans les sciences appliquées, la médecine, l’agriculture, l’économie, le génie électrique, les sciences de l’environnement, les télécommunications, l’informatique et les sciences juridiques.

Au niveau médical, la coopération chinoise est aussi ancienne que diversifiée. Depuis 1975, la Chine envoie une équipe médicale au Cameroun où travaillent 44 médecins et infirmières chinois. Depuis l’installation des hôpitaux de Mbalmayo et de Guider dans les années soixante-dix, les autorités chinoises n’ont eu de cesse de contribuer à l’amélioration du parc hospitalier camerounais, au grand soulagement des populations. Les projets de construction de deux centres gynéco-obstétriques et pédiatriques à Yaoundé (inauguré en 2002) et Douala ainsi que l’extension de l’hôpital de Buea sont parmi les plus précieux dons de la Chine au Cameroun.

Sur le terrain de la production des connaissances, un besoin d’Afrique se fait jour en Chine, créneau que les chercheurs camerounais pourraient exploiter. A la mi-2010, l’Empire du Milieu compte à peine 300 chercheurs qui réalisent des études et/ou dispensent des cours sur l’Afrique alors que médias, entreprises et chercheurs sont de plus en plus demandeurs d’enquêtes, d’analyses, d’évaluation des risques sur les pays tels que le Cameroun justement. « À l’Académie des sciences sociales de Pékin – le plus grand institut chinois d’études sur l’Afrique – je ne dispose que de 20 étudiants chercheurs, dont la plupart ne sont jamais allés sur le continent, »[22] confie son directeur.

Comme on peut l’observer, l’art de la guerre économique à la chinoise est global, et fait de petits pas. Evitant les conflits ouverts (en Afrique et au Cameroun en particulier), elle privilégie le consensus, la douceur et surtout la patience si chère à la stratégie de la lamproie.

2 – Le stratagème de la lamproie

Le ba mu man ji ou stratagème de la lamproie est inspiré du fait que ce poisson extrêmement visqueux a la capacité de fondre dans les fonds marins, de s’agripper aux rochers, de guetter, de choisir et d’étudier patiemment sa proie, avant de se rapprocher d’elle, de s’y coller et d’en siphonner le sang par ses nombreux orifices… Elle est connue en Chine comme « l’anguille à huit yeux » et dans la plupart des pays francophones comme « la flûte aux sept trous ».

Les dirigeants chinois ont une grande culture des stratagèmes. Le traité des trente-six stratagèmes (de loin le plus célèbre en Chine) rassemble l’interprétation de différents auteurs sur une suite d’items que le stratégiste Pierre Fayard qualifie de « logiciels stratagémiques. »[23] Chacun de ces stratagèmes se présente en quatre idéogrammes qui s’interprètent et s’adaptent aux circonstances qui les mobilisent. Ces stratagèmes s’appliquent donc à toute situation où interagissent des volontés politiques, militaires ou économiques. Le stratagème chinois de la lamproie est aussi redoutable dans la guerre des prix (2.1), la quête du renseignement stratégique (2.2) ou la défense des acquis chinois sur le continent africain (2.3).

2. 1 Guerre des prix et contrefaçon concurrentielle

Ces dernières années, l’Empire du Milieu a été régulièrement accusé de pratiquer du dumping, de recourir à une main d’œuvre immigrée de Chine et de maintenir une certaine opacité dans les comptes des entreprises publiques. De plus, souligne Valérie Niquet, directrice du Centre Asie à l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) de Paris, «les marchés africains se trouvent inondés de biens de consommation chinois de mauvaise qualité, exportés clandestinement, et vendus à des prix tels que les productions locales ne peuvent pas rivaliser».[24]

La contrefaçon de motocyclettes Yamaha au Cameroun ou des marques de textile comme Uniwax en Côte d’Ivoire fait, en effet, la joie des classes populaires, mais elle fragilise la concurrence locale et inquiète ouvertement les autorités dans les pays tels que l’Afrique du Sud[25] et la Namibie[26] notamment. De plus, la toxicité des copies de médicaments, la fiabilité approximative de certains produits made in China et le peu de cas fait de la protection de l’environnement poussent régulièrement les institutions internationales – Banque mondiale et Union européenne (en tête) – à critiquer la diplomatie chinoise en Afrique.

Présentes dans les pays d’Afrique de l’ouest, les entreprises françaises de travaux publics, par exemple, doivent aujourd’hui faire face à des compagnies chinoises d’autant plus offensives qu’elles s’affranchissent souvent des normes de concurrence préalablement définies et arrêtées par les Occidentaux. Dans un discours prononcé devant le Forum des affaires UE-Afrique, le 22 juin 2007 à Accra au Ghana, Louis Michel (alors Commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire) a soulevé le problème de la guerre des prix menée par les groupes chinois. Car les bailleurs de fonds internationaux attribuent les chantiers aux entreprises les mieux-disantes, uniquement sur un critère de coût. Louis Michel a encouragé les entreprises françaises de BTP présentes en Afrique, en particulier Sogea Satom, Eiffage (via sa filiale Fougerolle) et Colas (filiale du groupe Bouygues) à inventer leurs propres modèles, modèles qui soient une offre alternative à l’hyper-flexibilité des Chinois. Pour finir, le commissaire européen a averti que les entreprises chinoises allaient devoir « s’insérer dans des standards acceptables » partout en Afrique, y compris au Cameroun.

2.1.1 Le cas du Cameroun

Devant la montée en puissance des entreprises chinoises dans l’octroie de marchés de construction au Cameroun, Patrick Lucas, président du comité Afrique du MEDEF[27] International, en visite au Cameroun du 4 au 8 juillet, a ainsi résumé la position du patronat français : «je ne sais pas jusqu’à quand le contribuable français va continuer à accepter cette situation.»[28] Le chef de la délégation du MEDEF International a clairement indiqué, au cours d’une réunion avec les hommes d’affaires camerounais, qu’il n’était pas compréhensible que la plupart des marchés d’infrastructures au Cameroun soit remportés par des entreprises chinoises alors des financements sont essentiellement français. En réponse, Olivier Behle, président du GICAM,[29] a expliqué que cette situation par le fait que les offres chinoises sont généralement les « mieux disantes » financièrement, même si elles ne remplissent pas toujours la totalité des critères exigés. «Grâce à cette offre, a souligné le patrons des patrons camerounais, nous pouvons rattraper un certain retard. Mais il ne s’agit pas d’un problème particulier qu’il faut résoudre, même s’il faut reconnaître que cette présence pose un problème d’ordre éthique. Les entreprises chinoises devraient respecter la réglementation du travail,»[30] a-t-il fini par lâcher.

Premier partenaire économique du Cameroun depuis plusieurs années, la France a vu ses positions se réduire au fil des années au profit de l’Empire du Milieu. Depuis 2002, les importations chinoises augmentent en moyenne de 43% par an alors que les échanges avec l’Europe connaissent une légère régression. Bien que le port de Douala soit toujours géré par Bolloré, la France n’est plus le principal partenaire du Cameroun. Dans une interview accordée en mai 2007, Georges Remi Belinga, responsable des douanes dans le Littoral parle de « la fin du pré-carré français au Cameroun » et l’explique par la volonté des Africains de trouver des marchés plus favorables d’acquisition de produits de haute technologie au moindre coût.

Pierre Regenet de la CICAM[31] abonde dans le même sens. L’entreprise qu’il dirige en 2007 est spécialisée dans la fabrique des tissus dont les pagnes événementiels à l’effigie du chef de l’Etat camerounais. Or les commandes du pouvoir n’arrivent pas, à elles seules, à endiguer la déferlante chinoise et à maintenir la CICAM à flot. En cinq ans, l’entreprise a dû licencier un millier de salariés locaux. « Le textile chinois arrive sur le marché à des prix qui sont tout à fait impossible à tenir pour nous, dit-il. On considère encore détenir entre 10 et 15% de parts de marché contre 50 à 60 il y a encore cinq ans. Si rien ne change, la CICAM va disparaître. »

En 2010, le Cameroun compte plusieurs milliers de Chinois[32] dont certains sont évidemment en quête de renseignements stratégiques.

2.1.2 La quête du renseignement stratégique

Sur le rôle des diasporas chinoises dans la collecte du renseignement économique, Paul Moore, ancien du bureau fédéral américain d’investigations (FBI) de 1978 à 1998 et vétéran de la lutte contre les taupes chinoises aux Etats-Unis écrit : « ces gens qui collectent du renseignement ne ressemblent pas à des espions et ils obtiennent pourtant de larges quantités d’informations. Pour la plupart des zones de collectage du renseignement chinois, le travail qui vise à localiser et à obtenir l’information désirée – même des données très sensibles – est réalisé par des universitaires, des étudiants, des hommes d’affaires ou des journalistes. »[33]

Il faut préciser que si l’espionnage chinois à visée économique – encore largement méconnu en Afrique – se déploie avec succès aux quatre coins de la planète, « il continue aussi, précise Roger Faligot, à exploiter at home la naïveté ou le ‘je-m’en-foutisme’ des entrepreneurs […] qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer quand ils se sont fait dépouillé de leurs brevets, de leurs prototypes, de leur marché, dans l’eldorado chinois. »[34] C’est la raison pour laquelle depuis deux décennies, les services de renseignement occidentaux, et ceux de la Grande Bretagne[35] en particulier, mettent l’accent sur la sensibilisation des politiques et des businessmen qui entrent en contact avec la Chine. Dans le vade-mecum élaboré en 1990 par les services secrets de la couronne britannique, voici ce qu’on peut lire :

« Les visiteurs en Chine devraient savoir que tous leurs documents privés ou professionnels sont en péril s’ils restent dans les bureaux ou les chambres d’hôtels (même s’ils sont enfermés à double tour dans une valise), et ils peuvent considérer que tout le personnel des hôtels, des restaurants, des domestiques sont sujets à l’influence ou au contrôle des services de renseignement chinois.

« Souvenez-vous que le statut, l’occupation ou le passé d’une personne ne lui garantit pas l’immunité d’une attention soutenue. Soyez particulièrement attentif à tout ce qui est flatterie et hospitalité trop généreuse.

« Les Chinois ont des ressources très étendues à leur disposition. Ils placent des systèmes d’écoute dans les hôtels, les résidences d’hôtes et les restaurants. Ils peuvent fouiller les bagages et les chambres d’hôtels, lire le courrier, et monter des opérations de surveillance contre les visiteurs. Bien que ce type d’opération soit plus logique contre des cibles spécifiques, on ne peut pas écarter la possibilité qu’ils le fassent contre d’autres.

« ‘Cultiver’ un visiteur ou un contact présentant un intérêt va prendre du temps : les Chinois sont très patients. Une transaction d’affaires initiale sera suivie d’un contact social amical, telle qu’une invitation à dîner ou l’offre de tickets pour un événement culturel ou sportif. Avec cette méthode, on pourra inviter la personne à revenir en Chine, à discuter ostensiblement de nouvelles entreprises d’affaires ou à parler dans une institution avec un parterre de lettrés ; des hommes d’affaires vont se voir offrir des opportunités commerciales avantageuses ; des étudiants bénéficieront de facilités de recherche exceptionnelles. En fait, la ‘visite de retour’ a pour objectif de permettre au service de renseignement chinois d’évaluer le potentiel de la cible […] Le but de cette tactique est de créer une dette, un sentiment d’obligation de la part de la cible de sorte qu’elle trouvera difficile de refuser des faveurs » au bénéfice des intérêts chinois.

2.2 – Défense et sécurité des intérêts chinois

Dans son désir d’assumer sa nouvelle posture internationale de « grand pays émergent », la Chine a affecté plusieurs de ces citoyens aux Opérations de Maintien de la Paix (OPM) en Afrique au cours de la décennie qui s’achève, plus d’un millier en 2010. De plus, des dizaines d’ouvriers chinois ont été pris en otage (et/ou tués) sur les côtes africaines ces dernières années, en particulier au large du Kenya et de la Somalie où des bateaux chinois ont essuyé des attaques à plusieurs reprises. En réponse à cette menace, Pékin a décidé l’envoi de navires militaires pour sécuriser ses intérêts. « Mais nous devons surtout travailler en étroite collaboration avec les forces de sécurité des pays africains si l’on ne veut pas être accusé de néocolonialisme », souligne He Wenping, directrice des études africaines à l’Académie des sciences sociales de Pékin[36]. A ses partenaires africains, l’Empire du Milieu renouvèle donc sa coopération militaire en même temps qu’il propose l’assistance technique et la formation.

Avant d’aller plus loin, il est important de rappeler que dans les années 70-80, la Chine se posait déjà en rivale de l’Union soviétique et des Etats-Unis en Afrique, s’infiltrant dans les pays épargnés par ces derniers et contribuant à l’effort de guerre de plusieurs mouvements locaux de libération. Elle en a profité pour signer des accords de coopération militaires avec des alliés idéologiques tels que l’Egypte, l’Ethiopie, l’Ouganda, la Tanzanie ou la Zambie ; et s’ouvrir de nouveaux marchés industriels. En vingt ans (de 1955 à 1975) la Chine a vendu pour près de 140 millions de dollars de matériels militaires aux Africains, et entrepris de colossaux chantiers comme la construction de l’impressionnant chemin de fer TanZam reliant la Tanzanie à la Zambie.

Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, la Chine a considérablement diversifié et même renforcé sa coopération militaire avec un plus grand nombre d’Etats africains. Pékin s’est ainsi ouvert de nouveaux marchés pour la vente de matériels militaires en Angola, au Burkina Faso, en Centrafrique, au Libéria, en République Démocratique du Congo, au Sénégal et au Tchad notamment pour l’artillerie légère, des véhicules blindés, des uniformes et du matériel de communication ; et puis des hélicoptères pour l’Angola, le Ghana et le Mali, des avions d’entrainement K8 pour la Namibie, le Soudan et le Zimbabwé… etc. La plupart de ces marchés sont remportés par la North Industry Corporation et surtout Polytech Industries, la plus importante firme de vente d’armes de l’armée chinoise.

D’importants accords militaires ont par ailleurs été signés avec des pays tels que le Congo Brazzaville et des instructeurs chinois ont contribué à la formation des militaires dans des pays pétroliers tels que l’Angola. Des accords de fourniture de matériels militaires ont été conclus avec l’Angola, le Botswana, l’Érythrée la Namibie, le Soudan, le Zimbabwe, les Comores et la République du Congo, trois usines de fabrication d’armes légères ont ouvert au Soudan et des usines de munitions et d’armes légères implantées au Mali et Zimbabwe. Depuis 2004, Pékin livre des blindés, des chars, de l’artillerie, des vedettes rapides et des batteries de défense antiaérienne au pays de Robert Mugabe.

Au Cameroun, les sources ouvertes sont relativement muettes sur la coopération militaire avec la Chine. L’actualité des 24 derniers mois nous apprend tout juste que les deux pays sont liés par un accord en matière de formation militaire, et que dans le but de renforcer la coopération militaire entre Pékin et Yaoundé, le ministre chinois de la Défense nationale, Liang Guanglie, a rencontré Jean-Baptiste Bokam, le Secrétaire d’État en charge de la gendarmerie nationale auprès du ministre camerounais de la Défense le 10 Juin 2009 à Pékin. Au sortir de cette rencontre à huis clos, les deux parties ont qualifié leurs échanges de fructueux, sans plus.

Conclusion

Contrairement à ce que laisse entendre un certain nombre de critiques occidentales, la relation entre la Chine et l’Afrique est loin d’être un marché de dupes en défaveur du continent noir. L’Afrique obtient les capitaux de qualité dont elle a besoin pour financer ses investissements, créer des emplois et booster sa croissance. Pour l’universitaire zambienne Dambisa Moyo notamment, « le troc d’infrastructures contre des ressources en énergie est parfaitement compris aussi bien par les Chinois que par les Africains. C’est un échange et nul ne se fait d’illusion en cette affaire. On considère parfois que la Chine se sert de l’Afrique pour ses fins politiques et économiques : pour continuer à croître au rythme extraordinairement rapide qui est le sien, la Chine a besoin de pétrole et l’Afrique a ce pétrole. » [37]

Depuis la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc communiste, les Etats major occidentaux observent la conversion accélérée du plus grand Etat communiste de la planète à l’économie de marché, non sans inquiétude. Car la Chine ne se contente plus d’être « l’usine du monde ». Bien qu’elle se refuse encore tactiquement à endosser tous les habits d’une superpuissance pour éviter, avons-nous vu plus haut, d’être assimilée aux grands pays occidentaux et d’avoir à en assumer les responsabilités, la Chine s’en donne stratégiquement les moyens scientifiques, financiers, économiques, technologiques et diplomatiques. L’influence de sa stratégie de puissance est désormais visible en Afrique peut-être plus qu’ailleurs dans le monde.

Bien que certaines parmi elles soient fondées, force est de constater que la plupart des critiques portées contre la présence chinoise en Afrique proviennent des anciennes puissances coloniales et des Etats-Unis dont la Chine menace désormais les positions sur le continent. La Chine qui aide les gouvernements surendettés, défend le sud dans les instances internationales, soutient les régimes isolés, éduque les futures élites, construit des infrastructures, soigne les moins nantis, équipe et habille les classes moyennes et populaires, et contribue au maintien de la paix en Afrique, etc. dépasse les pronostiques les plus optimistes. « Depuis un demi-siècle, déclare Hu Jintao, les Chinois et les Africains, étroitement solidaires, voient se raffermir sans cesse leur amitié. Les échanges et la coopération sino-africains se sont développés sur tous les plans et ont donné des fruits abondants. Dans les affaires internationales, la Chine et l’Afrique se sont prêté confiance et concertées pour défendre les intérêts légitimes des pays en développement. »[38]

D’après l’étude Malaise global avec les grandes puissances réalisée dans 10 pays africains (Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Kenya, Mali, Nigeria, Ouganda, Sénégal et Tanzanie) et publiée en juin 2007 par l’Institut américain Pew, « la puissance économique montante de la Chine a un rôle positif dans les pays des personnes interrogées, notamment dans le monde en voie de développement. » En Ouganda, 45% de personnes interviewées pensent du bien de la Chine contre 23%. Au Mali et en Côte d’Ivoire, 90% des personnes interrogées apprécient favorablement la Chine contre 81% au Sénégal et au Kenya. 2/3 des Ethiopiens et ¾ de Nigérians et de Ghanéens approuvent l’action de la Chine en Afrique.

Situé au fond du golfe de Guinée, le Cameroun intéresse l’Empire du Milieu, tant par son histoire, sa stabilité politique, la sociologie de sa population, son poids économique, ses terres arables, les richesses de son sous-sol, et son hospitalité, que par sa situation géostratégique et sa posture diplomatique. L’ensemble de ces mobiles suffit largement à justifier le fait que depuis trente ans, l’Empire du Milieu se sert de « l’Afrique en miniature » comme le tube à essai de ses conquêtes africaines. A quelques exceptions près, la Chine tend, en effet, à reproduire dans le grand ensemble subsaharien ce qu’elle a déjà testé au Cameroun.

Cette grille de lecture donne à espérer que des analyses ultérieures sur l’axe Yaoundé-Pékin viendront éclairer des aspects restés à l’ombre dans le cadre des présents travaux et, ainsi, contribuer à la construction d’une relation plus fructueuse entre la Chine et l’Afrique.


[1] Alain Peyrefitte, Quand la Chine s’éveillera… Le monde tremblera, Editions Fayard, Paris, 1973, 535 pages.

[2] Alain Peyrefitte, La chine s’est éveillée, carnets de route de l’ère Deng Xiaoping, Editions Fayard, Paris, 1996, 430 pages.

[3] The world in 2050: Beyond the BRICs : a broader look at emerging market growth prospects.

[4] PWC : PriceWaterHouseCoopers, cabinet d’audit, expertise comptable et conseil aux entreprises de toute taille. PWC International Limited emploie 163 000 personnes dans 151 pays dans le monde.

[5] Dr He Wenping, directeur des études africaines à l’Académie chinoise des sciences sociales de Pékin, Propos recueillis à Pékin par Pascal Airault et publiés par Jeune Afrique le 08 juin 2009.

[6] Lire Paul Mooney, « China’s African Safari » YaleGlobal, 3 janvier 2005.

[7] Historiquement, « L’art de la guerre » est le premier traité de stratégie au monde. Il fut rédigé par Sun Tzu aux alentours du Vè siècle avant J.-C. Le propos va au delà du simple traité de polémologie ; il énonce des principes valables aussi bien dans le monde des affaires, que dans celui de la diplomatie et de la vie sociale.

[8] Jean-François Phelizon, Relire l’art de la guerre de Sun Tzu, Editions Economica, Paris, 1999, 144 pages.

[9] OPA : offre publique d’achat.

[10] Serge Michel, Michel Beuret et Paolo Woods de La Chinafrique, Pékin à la conquête du continent noir, Serge Michel, Michel Beuret et Paolo Woods, Editions Grasset & Fasquelle, 348 pages, Paris, 21 mai 2008.

[11] Propos retranscrits dans « L’Afrique souhaiterait que les entreprises agricoles chinoises y viennent construire des usines », article publié dans Le Quotidien du Peuple le 25 février 2010.

[12] Un think tank est une institution de droit privé (fondation ou association) regroupant des experts destinés à réaliser des études ou à faire des propositions de manière régulière sur des politiques publiques.

[13] Dans le cas du Cameroun, on peut citer les jumelages entre la ville Yaoundé et la ville de Shenyang (en 1988) et entre la ville Douala et la ville de Taiyuan (depuis 1993).

[14] La Commission mixte sino-camerounaise est une plate-forme de partage économique, culturel et technique entre les deux pays.

[15] Lors de sa tournée africaine du 30 janvier et 10 février 2007, le président chinois Hu Jintao a commencé sa visite par le Cameroun avant de la poursuivre au Libéria, au Soudan, en Zambie, en Namibie, en Afrique du Sud, au Mozambique, et de la terminer dans l’archipel des Seychelles.

[16] L’Aide fatale a été classée parmi les 100 livres les plus vendus en 2009 aux Etats-Unis par le New York Times. L’ouvrage a été traduit en douze langues dont le chinois, l’allemand, le français, l’italien et le japonais… etc.

[17] Nye, J., Bound to Lead: The Changing Nature of American Power, New York, Basic Books, 1990.

[18] Expert des questions asiatiques, Barthélemy Courmont est professeur à l’institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) de Paris et rédacteur en chef de la revue Monde Chinois.

[19] Courmont, B., Chine, la grande séduction. Essai sur le soft power chinois, Editions Choiseul, Paris, 1990, P. 69.

[20] Diplômé en relations internationales de l’Université de Pékin et de l’Institut des langues de Pékin, Samuel Okouma Mountou est diplomate de carrière et sinologue. Marié à une Chinoise, il a été nommé conseiller consulaire à l’ambassade du Gabon en Chine 2002.

[21] Extrait de l’avant-propos de « La vie des étudiants africains en Chine », La Bruyère Editions, Juillet 2008, 210 pages.

[22] Dr He Wenping, directeur des études africaines à l’Académie chinoise des sciences sociales de Pékin, Propos recueillis à Pékin par Pascal Airault et publiés par Jeune Afrique le 08 juin 2009.

[23] Pierre Fayard, Comprendre et appliquer Sun Tzu, Dunod, 2006

[24] Interview de valérie Niquet au mensuel Expansion Avril 2007

[25] Très critique vis-à-vis de la déferlante chinoise en Afrique, le Sud-Africain Thabo Mbeki a déclaré lors du XIVe congrès du syndicat des étudiants sud-africains tenu au Cap en décembre 2006, que l’Afrique ne devait pas entretenir avec la Chine une relation coloniale en se contentant d’être un fournisseur en matières premières.

[26] En septembre 2006 et octobre 2008, d’importantes manifestations contre la présence chinoise en Zambie ont eu lieu. Les hommes d’affaires chinois y sont régulièrement accusés de « tuer l’artisanat local » par la pratique du dumping, de payer des salaires dérisoires aux salaries africains et de négliger les normes de sécurité dans les mines. Craignant d’être pris à, partie par les mineurs, le président Hu Jintao a dû renoncer à visiter la mine de Chambeshi début 2007 alors qu’il était en visite officielle dans le pays les 2 et 4 février.

[27] Crée le 27 octobre 1998, le Mouvement des entreprises françaises (MEDEF) est une organisation patronale représentant les dirigeants des entreprises françaises. Elle représente près de 750 000 entreprises.

[28] Propos retranscrits par Lazare Kolyang in « Financements : les investisseurs français menacent », Le quotidien Mutations, du 09 juillet 2010.

[29] Crée le 12 juin 1957, le Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) est une organisation patronale représentative des entreprises camerounaises. Il compte 207 membres dont 15 associations et syndicats.

[30] Ibid.

[31] La Cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM) a été créée par les Français en 1964.

[32] Alors que le nombre de Chinois légaux était officiellement de 10 000 Chinois fin 2006, La Lettre du Continent a recencé « 700 000 visas chinois pour le Cameroun » suite à la visite au Cameroun du Président Hu Jintao.

[33] Lire: « How China Plays the Ethnic Card », Paul D. Moore, Los Angeles Times, 24 juin 1999.

[34] Roger Faligot
 
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samedi 22 janvier 2011

LIBAN : UNE SOLUTION DE SORTIE DE CRISE A LA VEILLE DE LA NOMINATION D'UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE!

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A la veille des consultations pour la nomination d'un nouveau chef de gouvernement au Liban, de nouveau nous appelons les dirigeants libanais à plus de clairvoyance et de vigilance sur les enjeux de cette nomination :

Deux facteurs doivent être pris à notre avis en considération :

Le premier c'est de garder les acquis de la Révolution des Cèdres : la liberté, la souveraineté du pays et la démocratie..

Le second c'est d'éviter d'affaiblir la résistance.

Or la Révolution des Cèdres n'a pas tout à fait atteint ses objectifs.

En effet tant qu'Israël continue à occuper des territoires libanais, à violer son espace aérien etc..le Liban n'a toujours pas acquis sa souveraineté. C'est pour cette raison que tout affaiblissement de la résistance venant de n'importe quelles institutions (libanaise, internationale et même du TSL..) affaiblira ipso facto le Liban vis à vis d'Israël.

D'un autre coté tout retour à une situation d'avant la Révolution des Cèdres nous ramènera de nouveau vers une dépendance vis à vis de la Syrie.

Il est évident que le Président Saad Hariri est celui qui est le mieux placé, à l'heure actuelle, à pouvoir réaliser cette gageure en définissant dans son prochain gouvernement, s’il est désigné, par priorité les objectifs suivants :

1) Retarder la publication de l'acte d'accusation du TSL jusqu'au retrait définitif et des ingérences d'Israël du territoire libanais (Chebaa, Ghajar, espace aérien,...)

2) Dés lors que cet objectif est atteint, le territoire étant libéré de toutes agressions des Israéliens, les libanais pourront sereinement connaître les conclusions du TSL.

S’il s’avère alors que certains membres de Hezbollah sont les responsables de l’assassinat du Président Hariri, il faut que ce dernier (le Hezbollah) ait le courage de se dissocier de ceux-ci (voir l'article de Samir Frangié paru le 15/10/2010 dans l’Orient-leJour).

3) Le dialogue national se penchera alors sur les problèmes cruciaux et dont la solution sera l’instauration définitive d’un État libre, souverain et démocratique.

Parmi ces solutions on peut préconiser :

-l’intégration de la résistance dans l’armée libanaise en formant des unités communes à la frontière avec Israël

- le retrait des armes dans les camps palestiniens,

- la demande de libération des prisonniers libanais en Syrie et le tracé des frontières

- les problèmes de corruption

- l’établissement du mariage civil.

- la laïcité de l’État (chaque communauté étant libre de pratiquer sa religion comme elle l’entend sans interférer dans la gestion de l’État (exemple la France).

- le vote des libanais vivant à l’étranger pour les législatives et la présidentielle,...).
...
Voeux pieux, peut-être pas, il suffit d'avoir le courage et la clairvoyance d'éviter que le Liban reste le jouet de la confrontation géopolitique et géostratégique entre les ETATS-UNIS-ISRAEL d'un côté et l' IRAN de l'autre et de s'éviter ainsi une nouvelle guerre civile .
Jean-Marc Aractingi, Diplomate

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dimanche 16 janvier 2011

IRAN : Le Virus Stuxnet a t-il infecté le programme nucléaire iranien? L'Iran affirme l'avoir contré. Le rôle d'Israël et des Etats-Unis : Le Dossier sur www.diplogeostrategies.blogspot.com

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                                               Centrale Nucléaire de Bushehr ( Iran )

Historique:

L’histoire tourmentée d’un réacteur inachevé
Le premier réacteur iranien de Bushehr est complet à près de 85 % quand survient en 1979 la révolution islamique. Un moment abandonné, le site est bombardé à plusieurs reprises entre 1984 et 1988 par les avions de Saddam Hussein. Après la mort de l' Ayatollah Khomeyni en 1989, Siemens n'obtient pas les licences d'exportation nécessaires et ne peut terminer le réacteur. Trente ans après le début de sa construction en 1974, la première unité n'est toujours pas achevée bien que le projet ait été repris en 1995 sous la forme d'un réacteur du type VVER-1000 logé dans la même enceinte (Source GlobalSecurity.org).
L’Iran, qui revendique son droit au nucléaire civil, achève son premier réacteur avec l'aide de la Russie. L’histoire du réacteur de Bushehr (ou Bouchehr) commencé avec l’Allemagne du temps du Shah en 1979, et toujours inachevé en 2007, est tourmentée. Bushehr est situé dans le sud de l’Iran en bordure du golfe Persique.
Le programme de réacteurs, pour lequel l’Iran revendique l'accès au nucléaire civil, est modeste par rapport à celui qui existait du temps du Shah Mohammed Reza Palhavi. Mais les Etats-Unis n’ont pas pardonné l’humiliation subie lors de la révolution de 1979. Ils ont multiplié les obstacles à sa réalisation en raison de leurs soupçons d’un programme militaire, ne reconnaissant le droit au nucléaire civil que du bout des lèvres : l'Iran riche en pétrole, n'a pas besoin de diversifier ses sources d'énergie et donc de réacteurs ...
Depuis plus de dix ans, la Russie est engagée dans le cadre d’un gros contrat pour terminer le réacteur de Bushehr. L’histoire des déboires de ce réacteur rend compréhensible l'insistance des iraniens à vouloir maîtriser leur approvisionnement en combustible et donc à enrichir l'uranium.
1974 : Le Shah commande deux réacteurs à la firme allemande Siemens sur le site de Bushehr, têtes de série d'un ambitieux programme nucléaire de 20 réacteurs clefs en main. L'Iran entre dans le capital d'Eurodif et acquiert le droit à 10 % de la production de l'usine d'enrichissement de Tricastin.
1979 : Révolution Islamique. L'ayatollah Khomeyni prend le pouvoir (février). Prise d'assaut de l'ambassade américaine (novembre) et crise des otages. Les Etats-Unis sont traités de Grand Satan.
Busher I est complet à 85 % au moment du départ du Shah, mais l'Ayatollah déclare anti-islamique le projet qui est abandonné. L'Iran devient partenaire dormant d'Eurodif.
De 1984 à 1988, durant la guerre Iran-Irak, le site est bombardé par les avions de Saddam Hussein
1989 : Les Iraniens demandent à Siemens de finir Busher. Sous la pression américaine, le gouvernement allemand n'accorde pas la licence d'exportation des équipements des deux unités de Bushehr. Avant de s’entendre avec la Russie, l’Iran signe des accords avec l’Argentine, l’Espagne et d’autres pays qui sont dénoncés sous l’effet de pressions américaines.
1995 : L'Iran signe un contrat avec la Russie pour un réacteur VVER-1000 sur le même site. Pendant des années, les Etats-Unis s’opposèrent à l’implication de la Russie avant de l'accepter après que la Russie ait donné l’assurance que le combustible usé du réacteur serait retourné sur son territoire
2002 : Le président Bush classe l'Iran dans l'axe du mal.
2003-4 : L'Iran accepte que le combustible usé soit repris à la sortie du réacteur. Le démarrage de Busher est remis à 2006.
2006-2007 : Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne votent des sanctions contre l’Iran, mais affirment le droit au nucléaire civil longtemps contesté par les USA. Le réacteur de Busher, séparé du reste du dossier nucléaire iranien, n’est pas concerné par les sanctions.
Mars 2007 : La Russie donne son accord pour livrer du combustible faiblement enrichi pour alimenter la centrale afin de démarrer la production d’électricité en novembre. Mais une péripétie survient. L’entreprise russe Atomstroïexport se plaint que l’Iran ne s’est pas acquitté de deux mensualités de 28 millions de dollars, ce que les iraniens nient, et parle de retarder à nouveau la mise en service. Moscou invoque à plusieurs reprises des raisons techniques pour justifier les retards, mais la Russie utilise à plusieurs reprises le projet pour faire pression sur Téhéran pour le reste de son programme nucléaire.
17 décembre 2007 : Suite à la visite du Président Poutine à Téhéran, le constructeur russe annonce qu'il commence à livrer le combustible nucléaire de Busher. Les premiers conteneurs d'uranium, préalablement scellés par des inspecteurs de l'AIE, arrivent sur le site. Ils sont placés dans un entrepôt spécial, sous garantie de l'AIEA, auquel un système international de garde et de surveillance est appliqué.
21 août 2010 : premier chargement de combustible russe
Le dôme couleur crème du réacteur de Bushehr, visible à plusieurs kilomètres, domine le Golfe Persique et une campagne verdoyante. Des soldats montent la garde autour de la centrale entourée de stations radars et d’installations de défenses anti-aériennes. En décembre 2007, 180 assemblages de combustible enrichi à 3,62 % en uranium-235 ont été livrés par la Russie. Le combustible restera sous la garantie et le contrôle de l'AIEA et sera ramené après usage en Russie pour y être retraité et entreposé. Le 21 août 2010, 163 assemblages de combustible ont commencé à être chargés dans le cœur du réacteur de 1000 mégawatts.
Vers un démarrage en 2010 ?
L'histoire tourmentée du réacteur semblait alors presque terminée au bout de 30 ans. Une mise en service avait été prévue pour la fin 2008, avec 9 ans de retard sur les prévisions. Mais 2009 s'est écoulé sans que rien ne vienne. 2010 alors ? Peut-être.
18 mars 2010 - D'après un article du Monde : "Le premier réacteur de la centrale nucléaire à Bushehr, en Iran, devrait être mis en service dès cet été", a déclaré M. Poutine, cité par les agences russes, lors d'une réunion consacrée à l'énergie nucléaire, à Volgodonsk. Il n'a cependant avancé aucune date exacte de l'achèvement de la centrale, déjà retardé à de multiples reprises depuis 31 ans notamment par les USA. Le même jour, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, interrogée, lors d'une conférence de presse à Moscou, estime "prématuré, pour l'instant, la poursuite de tout projet nucléaire civil en Iran car nous voulons envoyer un message sans équivoque aux Iraniens"
La construction elle-même de la centrale est officiellement achevée depuis février et la Russie a déjà livré le combustible nucléaire nécessaire à son fonctionnement. Mais il reste à procéder au lancement 'technique', qui vise à tester les équipements. Celui-ci précède le lancement 'énergétique' proprement dit pour la production d'électricité.
Le 21 août 2010, les ingénieurs russes et iraniens ont commencé à charger le combustible à l’uranium dans le réacteur. Durant les 10 jours suivants, les assemblages de combustible, – l’équivalent de 80 tonnes – devaient être transférés dans le bâtiment du réacteur puis chargés dans le cœur. Il faudra ensuite au moins 2 mois pour que la puissance du réacteur de 1000 MW atteigne le niveau moitié de 500 MW et qu’il puisse envoyer son électricité dans les villes iraniennes.
27 novembre : "Toutes les barres de combustible sont dans le cœur du réacteur et il faut juste attendre la montée graduelle en température de l'eau et procéder à quelques essais" a annoncé Akbar Salehi, chef de l'agence iranienne de l'énergie atomique. La centrale nucléaire de Bouchehr, la première d'Iran, entrera en service "dans les deux prochains mois".

Le VirusStuxnet, le virus informatique a t'il ciblé la centrale nucléaire iranienne de Bushehr?
Étrange histoire que celle de ce virus conçu pour détruire une installation industrielle. Les spécialistes qui l'ont disséqué ont découvert qu'il ciblait certains systèmes de Siemens et pensent que ce Troyen, véhiculé par des clés USB, est spécifiquement dirigé contre la centrale nucléaire iranienne de Bushehr.
Stuxnet, un ver informatique, serait le premier malware à s'attaquer au contrôle en temps réel d'un système industriel. Découvert en juillet 2010, Worm.Win32.Stuxnet a été étudié, entre autre, par un informaticien allemand, Ralph Langner, qui en a décrypté le fonctionnement.
Stuxnet s'appuierait sur le logiciel de supervision WinCC, conçu par Siemens et destiné à piloter depuis un ordinateur sous Windows des systèmes Scada (Supervisory Control and Data Acquisition). Selon cet expert, Stuxnet, qui se révèle particulièrement sophistiqué, ne s'installe pas n'importe où mais dans certains automates programmables industriels de Siemens. De là, il peut commander différents équipements, « comme des valves, par exemple ».
Selon les informations rapportées par PC World, un expert, le Canadien Eric Byres (responsable de Byres Security), qui avait étudié Stuxnet en juillet, aurait, lui, découvert un détail supplémentaire. Le virus modifierait spécifiquement un certain sous-programme destiné à contrôler en temps réel des processus très rapides avec un temps de réponse de 100 millisecondes.
Le ver se laisse transporter sur des clés USB ou des cartes de mémoires Flash et se propage aussi via des réseaux locaux, et même via des imprimantes connectées. On sait qu'il exploite plusieurs failles de Windows, comme l'ont montré les différentes études réalisées, notamment par Microsoft; ce qui lui permettrait de prendre à distance le contrôle d'une machine. L'affaire est prise au sérieux aussi par Siemens, qui a diffusé une méthode et un correctif pour détecter et extirper ce malware.
D'où vient-il ? Où va-t-il ?
À quoi pourrait-il servir ? « Il pourrait par exemple mettre en panne une centrifugeuse, a expliqué Eric Byres (propos rapportés par PC World), mais il pourrait être utilisé dans bien d'autres buts. La seule que je puisse dire c'est que c'est quelque chose conçu pour casser. »
Il aurait été retrouvé en Iran, en Inde et en Indonésie. « Un nombre indéterminé de centrales électriques, de pipes-lines et d'usines ont pu être infectés », ont affirmé les experts. Ralph Langner tire de ses analyses une conclusion concrète : la cible du ver serait la centrale nucléaire de Bushehr, au bord du golfe Persique. Siemens AG avait participé à la construction de la centrale au début des années 1970 jusqu'à la révolution islamique de 1979. Après les bombardements de la guerre Iran-Irak puis l'opposition des États-Unis, la remise en route de la centrale a pu être effectuée grâce à l'aide de la Russie.
C'est d'ailleurs une entreprise russe ayant collaboré à cette remise en route, Atomstroyexport, que Ralph Langner désigne comme un vecteur possible du virus pour son entrée clandestine en Iran. D'après Symantec, qui s'est aussi penché sur ce virus, ce pays concentrait en juillet 60% des cas d'infections.
La sophistication de ce malware et la parfaite connaissance des systèmes de Siemens qu'il implique font penser qu'il ne s'agit pas du jeu d'un hacker du dimanche. Un État pourrait-il avoir visé cette centrale par une cyber-attaque ? Selon Siemens, en tout cas, l'hypothèse ne tient pas car la société allemande n'a livré à la centrale de Bushehr aucun système du type de ceux qu'infecte Stuxnet...
source : Jean-Luc Goudet

L'Iran affirme avoir contré le virus Stuxnet
Le lancement de la centrale de Bouchehr a été retardé, mais sans lien avec le virus Stuxnet, précise l'Iran.
Les systèmes industriels du pays auraient été débarrassés du virus. Plusieurs «espions», accusés de s'attaquer au programme nucléaire iranien par Internet, ont été arrêtés.
L'Iran affiche sa résistance à Stuxnet. Une semaine après avoir annoncé que plus de 30.000 ordinateurs personnels avaient été infectés par ce virus informatique dans le pays, de hauts responsables ont indiqué dimanche que tous les sites industriels contaminés avaient été «nettoyés». «Une solution a été trouvée pour faire face au virus, et elle va être appliquée», avait indiqué la veille Heidar Moslehi, ministre iranien de l'Information, cité par la télévision d'État. L'Iran, qui a très vite admis que ses réseaux informatiques avaient été touchés, assure qu'elle n'a recensé jusqu'à présent aucun «dégât sérieux».
D'après les expertises iraniennes, Stuxnet ne serait pas aussi dangereux que prévu. Découvert en juin, ce virus recherche sur les ordinateurs infectés un logiciel du groupe Siemens, qui sert au contrôle d'oléoducs, de plate-formes pétrolières ou de centrales électriques. En reprogrammant cette application, il disposerait de capacités de sabotage d'infrastructures industrielles, avaient expliqué plusieurs experts en sécurité occidentaux. Mais selon le vice-ministre iranien de l'Industrie, Mohsen Hatam, Stuxnet aurait «seulement une capacité de collecter des informations avant de s'autodétruire».
S'il cherche à minimiser l'impact de Stuxnet, l'Iran voit plus que jamais derrière ces cyberattaques la main de gouvernements étrangers, opposés à son programme nucléaire. Samedi, le ministère des Renseignements a annoncé l'arrestation de plusieurs «espions», accusés d'avoir voulu «mener une action destructrice» par Internet. «Les services de sécurité assurent une surveillance complète d'Internet et ne permettront aucune fuite concernant le programme nucléaire iranien, ni la destruction de ces activités», a martelé le ministre Heydar Moslehi. La date, le lieu de ces arrestations et le lien avec le virus Stuxnet n'ont pas été précisés.
Stuxnet, pourtant disséqué de toutes parts, reste lui-même entouré de nombreux mystères. Très vite, des experts internationaux en sécurité ont déduit qu'il pouvait s'agir d'une attaque commanditée par des États contre le programme nucléaire iranien, et notamment contre la centrale de Bouchehr, dont le lancement a été retardé. Sa sophistication suggère en effet qu'il a été l'objet d'un travail de plusieurs mois et a requis des compétences très pointues. Et des indices dans le code du virus impliquant Israël ont été repérés. Mais les preuves sont encore rares. Le virus, très répandu en Iran, s'est aussi propagé en Inde, en Indonésie, au Pakistan, puis en Chine.
source : Benjamin Ferran
Dernières infos en date du 15 Janvier 2011:
Israël a testé le virus informatique Stuxnet, qui aurait été utilisé pour saboter des installations nucléaires de l'Iran, rapporte, samedi, le New York Times. Le journal précise que ces tests entrent dans le cadre d'efforts conjoints menés par Israël et les États-Unis pour saper les ambitions nucléaires de l'Iran. Ils se sont déroulés au cours des deux dernières années sur le site de Dimona, dans le désert du Néguev.

                                  Site Nucléaire de Dimona dans le Sud d'Israël

Le New York Times s'appuie sur des déclarations d'experts militaires et du renseignement, anonymes, ayant connaissance des activités entreprises à Dimona. Selon ces experts, Israël a fait fonctionner des centrifugeuses presque identiques à celles utilisées sur le site iranien de Natanz, où les scientifiques iraniens tentent d'enrichir de l'uranium. "Pour examiner les effets du virus, il faut connaître les machines", a dit un expert américain du renseignement en matière nucléaire cité par le Times. "La raison pour laquelle le virus a été efficace, c'est que les Israéliens l'ont essayé."
Virus évolutif ?
Les États-Unis et leurs alliés soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce que dément la République islamique. Après des progrès rapides dans la maîtrise de la technique d'enrichissement de l'uranium en 2007 et 2008, les centrifugeuses iraniennes ont subi une série de défaillances et des experts jugent que le programme nucléaire iranien a pu être la cible d'une attaque informatique menée avec le soutien d'un État via le virus Stuxnet.
En novembre, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que des logiciels nuisibles avaient provoqué des "problèmes" sur certaines centrifugeuses iraniennes, mais que ceux-ci avaient été résolus. D'après le New York Times, le virus Stuxnet est l'arme informatique la plus perfectionnée jamais utilisée et il semble être le principal facteur du ralentissement du programme nucléaire iranien. Les experts cités par le journal affirment que le virus a complètement déréglé les centrifugeuses et que 20 % d'entre elles sont devenues inutilisables.
Le New York Times souligne que rien ne permet d'affirmer avec certitude que ces attaques informatiques sont terminées, car, selon certains experts, le code du virus Stuxnet contient des informations nécessaires pour lui permettre d'évoluer et de déclencher de nouvelles agressions. Meir Dagan, patron des services de renseignements israéliens qui vient de partir à la retraite, a déclaré début janvier que le programme nucléaire iranien avait pris du retard et que l'Iran ne serait pas en mesure de se doter de l'arme atomique avant 2015. Responsables israéliens et américains ont refusé de s'exprimer officiellement sur ce virus.
Israël a testé le virus informatique Stuxnet, qui aurait été utilisé pour saboter des installations nucléaires de l'Iran, rapporte, samedi, le New York Times. Le journal précise que ces tests entrent dans le cadre d'efforts conjoints menés par Israël et les États-Unis pour saper les ambitions nucléaires de l'Iran. Ils se sont déroulés au cours des deux dernières années sur le site de Dimona, dans le désert du Néguev.
Le New York Times s'appuie sur des déclarations d'experts militaires et du renseignement, anonymes, ayant connaissance des activités entreprises à Dimona. Selon ces experts, Israël a fait fonctionner des centrifugeuses presque identiques à celles utilisées sur le site iranien de Natanz, où les scientifiques iraniens tentent d'enrichir de l'uranium. "Pour examiner les effets du virus, il faut connaître les machines", a dit un expert américain du renseignement en matière nucléaire cité par le Times. "La raison pour laquelle le virus a été efficace, c'est que les Israéliens l'ont essayé."
source : le Point

Note du blog Diplogéostratégies : Info où Intox?