lundi 28 février 2011

LIBAN: Samir Geagea le Chef des Forces Libanaises et le Cardinal démissionnaire Nasrallah Sfeir: Des relations indéfectibles!

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Samir Geagea (Le Chef des Forces Libanaises) et le Cardinal démissionnaire Nasrallah Sfeir:
Des relations indéfectibles!
Comment le Cardinal Sfeir a contribué à la libération de Samir Geagea?

Nasrallah Pierre Cardinal Sfeir
Function:
Former Patriarch of Antiochia, Lebanon
Title: Cardinal Bishop, No titular church
Birthdate: May 15, 1920 Country:
Lebanon
Elevated: Nov 26, 1994
More information: www.catholic-hierarchy.org

Family thanks Cardinal Sfeir for helping in Samir Geagea’s release

Aug 06, 2005

Ms Strida Geagea told AsiaNews that as soon as her husband Samir—the former head of the Lebanese Forces—is free, they are going abroad for three weeks. She also thanked the Maronite Patriarch, Cardinal Nasrallah Sfeir, for all he did to help getting Samir free.
Beirut (AsiaNews, 22 July, 2005) – Lebanese President Émile Lahoud signed on Wednesday the two amnesty laws approved by parliament in favour of Mr Geagea and some 30 Islamic militants imprisoned on suspicion of terrorism.
Mr Lahoud did however express reservations about the amnesty, saying that to be just and equitable it should include other groups as well.
He said he hoped that the new parliament will rapidly adopt new legal rules for a global and equitable amnesty.
Samir Geagea is Christian and the only warlord sentenced for crimes committed during the country’s civil war.
He was arrested in March 1994 for allegedly planting a bomb in Our Lady of Liberation Church in Zouk Mikael, in which 11 people lost their lives.
Although the allegations proved unfounded, he was still charged and sentenced to four death penalties—later reduced to life in prison—for crimes committed from 1975 to 1990.
Speaking to AsiaNews, his wife Strida thanked the Maronite Patriarch, Card Nasrallah Sfeir, for all he did on Samir Geagea’s behalf.
Samir’s father Farid, 80, has not forgotten his Tuesday and Thursday visits to the prison since 1994, the humiliations, the ten minute meetings that sometimes could surprisingly stretch to an hour when the whole family came. Now all he wants to talk about are injustices and forgiveness.
“We all sin and must forgive so that God may forgive us. I have prayed every day for the prison guards, because their fate is worse than that of the prisoners”.
Samir’s mother Marie said that in “11 years and 3 months I have not had a day of rest. I found courage telling myself that God is great, that injustices are not eternal. I never lost faith that I would see Samir free. But waiting in these last months has tired me a lot. I can forgive the injustices but I can’t forget them”.
The other amnesty law exonerates some 30 Sunni fundamentalists; some from Denneye in northern Lebanon, others from Majdel Anjer, in the Beqaa valley.
The former were accused of involvement in clashes with the army in Denneye that left 12 soldiers dead in 2000. The latter were accused of carrying out an attack against the Italian Embassy in 2004.
With the amnesty laws published in the official gazette yesterday, Samir Geagea is free.
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dimanche 27 février 2011

LIBAN: Appel à une nouvelle révolution du Cèdre le 14 Mars 2011 réclamant le Mariage civil, la Laïcité , la Liberté d'expression, l'Egalité , la Démocratisation face au confessionalisme imposé aussi bien par le clergé Chrétien que Musulman: Rendez-vous le 14 Mars 2011à la Place de la Liberté avec comme pancartes: "Liban Laïc".Soyez nombreux à soutenir notre appel sur FaceBook (site http:// www.diplogeostrategies.blogspot.com )

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Le Liban est confronté à des problèmes cruciaux: gratuité de l'enseignement, de l'hospitalisation, de la médicamentation, de la pauvreté, de la liberté d'expression,  d'une justice indépendante, d'une réforme agraire etc...
Aucune manifestation réclamant ce B.A.B.A. de revendications n'a eu lieu à ce jour et pour cause, elle est étouffée par  le système confessionnel libanais ( Clergé Chrétiens et Musulmans).
Il faut une nouvelle révolution du Cèdre réclamant entre autre le Mariage Civil, la Laïcité , l'Egalité, la Fraternité, la Démocratisation du Liban...*

* La Politique à mes trousses, Jean-Marc Aractingi, Editions l'Harmattan,Paris,2006



LIBAN : Des jeunes veulent «faire tomber le régime confessionnel» 23/02/2011


Le système libanais se distingue de la plupart des régimes de la région par un partage du pouvoir basé sur des quotas communautaires et d’une tradition de «démocratie consensuelle».
Dans le sillage du vent de révolte qui souffle sur le monde arabe, des milliers de jeunes Libanais appellent sur Facebook à «faire tomber le régime confessionnel» de leur pays multicommunautaire. Un combat au pire improbable, au mieux de longue haleine, estiment des experts. Reprenant à leur compte les slogans scandés en Tunisie et en Egypte, plusieurs pages intitulées «Le peuple libanais veut faire tomber le système confessionnel», ou encore «Journée de la colère contre le confessionnalisme, la corruption et la pauvreté» ont récemment fait leur apparition sur le site. «Jeunes du Liban, soulevons-nous contre l’oppression de ce régime», écrit Mahmoud al Khatib sur la page http://www.facebook.com/î!/lebrevolution, qui compte jusqu’à présent plus de 9700 «amis». Mais ces mêmes jeunes, et des observateurs, sont convaincus que la particularité du système libanais rend plus difficile une réplique pure et simple des révoltes arabes. «Les Libanais se vantent tout le temps de leur liberté et démocratie face aux pays arabes», affirme Hassan Chouman, informaticien de 24 ans, un sympathisant de ces pages. «Mais chez eux, il y a un seul dictateur, ici, nous en avons au moins sept ou huit», ironise-t-il, en référence aux leaders politiques représentant chacune des 18 communautés musulmanes et chrétiennes du pays. Le système libanais se distingue de la plupart des régimes de la région par un partage du pouvoir basé sur des quotas communautaires et d’une tradition de «démocratie consensuelle».
Depuis l’indépendance en 1943, il garantit une parité entre musulmans et chrétiens minoritaires dans la région. Il est toutefois accusé, depuis des décennies, de tous les maux: corruption, gaspillage, clientélisme, guerre civile destructrice (1975-1990) et crises à répétition. «Au Liban, la compétence ne compte pas. Chaque leader d’une communauté nomme à des postes sa «clique», ce qui pourrit notre administration publique», affirme Georges al-Azzi, professeur de sciences politiques à l’Université libanaise. Abolir ce système où tout le monde veut sa part du gâteau «est beaucoup plus difficile que de faire tomber un dictateur», dit-il. «Ici, si vous manifestez dans la rue, vous dirigez ça contre qui? Quelle institution? Quel groupe? Il n’y a rien de palpable». Selon lui, même des dirigeants soit-disant laïques sont obligés d’intégrer le système pour «survivre politiquement». Sur Facebook, certains écrivent même que «ce mouvement est voué à l’échec, à moins que chaque confession ne fasse tomber son propre leader». Mais pour d’autres, les soulèvements arabes sont venus éveiller un ancien rêve, malgré les profondes divisions entre coalition pro-occidentale et bloc mené par le Hezbollah pro-iranien et alors que toute revendication sociale est immédiatement politisée. «La leçon à tirer des révolutions d’Egypte et de Tunisie, c’est qu’il faut mettre de côté les différends en vue d’un même objectif», soutient Abou Reem, 39 ans, administrateur de la page «Le peuple libanais veut faire tomber le système confessionnel». Une réunion se tiendra en mars lorsque le nombre dépassera le cap des 10.000 sympathisants. Pour Antoine Messarra, membre du Conseil constitutionnel, «il faut commencer par respecter les règles de droit en promouvant les compétences», «une éducation et une culture non confessionnelle» et une «meilleure relation Etat-citoyens». Jusqu’à présent, les initiatives luttant contre le confessionnalisme, comme l’élection d’une partie des députés sur base non religieuse ou l’instauration du mariage civil (reconnu mais, qui ne peut être célébré au Liban), sont restées lettre morte. Mais «rien n’est impossible, même si la route est longue», estime Abou Reem.

http://www.lexpressiondz.com/article/5/2011-02-23/86435.html

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samedi 26 février 2011

Le Pape accepte la démission du Patriarche maronite le Cardinal Nasrallah SFEIR

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Le 26 Février 2011: Le Pape accepte la démission du Patriarche le Cardinal Nasrallah SFEIR

Lettre de Benoît XVI à Sa Béatitude le Cardinal Nasrallah Pierre Sfeir


Le 26.02.2011 - (E.S.M.) - Aujourd'hui le Vatican publie la lettre que le pape Benoît XVI a adressé à Sa Béatitude le Cardinal Nasrallah Pierre Sfeir au moment où il a accepté le renoncement de son ministère de Patriarche d'Antioche des Maronites:


A Sa Béatitude Éminentissime

le Cardinal Nasrallah Pierre Sfeir

Patriarche d’Antioche des Maronites

L’année consacrée au mille-six-centième anniversaire de la mort de Saint Maron arrive à sa conclusion: un temps de grâce a été accordé à l’Église Maronite pendant ce jubilé exceptionnel. C’est aussi le couronnement de votre service pour la plus grande gloire de Dieu et le bien de tous ses fidèles.

Dieu dans son amour insondable vous a façonné et marqué de sa trace indélébile pour une élection particulière à son service. Ce choix secret a trouvé sa correspondance dans votre réponse libre et enthousiaste à l’exemple de la Mère de Dieu: "Qu’il m’advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38).

Vous avez pu fêter l’an dernier soixante ans de sacerdoce: preuve de fidélité et d’amour pour Jésus-Christ, le Souverain Prêtre. En juillet prochain, vous aurez de nouveau l’occasion d’élever une action de grâce à la Trinité Sainte pour l’accomplissement de cinquante ans d’épiscopat.

Pendant presque vingt-cinq ans, vous avez collaboré avec vos deux prédécesseurs sur le Siège d’Antioche, avant d’être choisi par le Synode pour leur succéder le 19 avril 1986: un moment décisif qui vous place aujourd’hui au seuil de votre jubilé d’argent dans cette charge.

Vous avez commencé ce noble ministère de Patriarche d’Antioche des Maronites dans la tourmente de la guerre qui a ensanglanté le Liban pendant de trop longues années. C’est avec l’ardent désir de la paix pour votre pays que vous avez conduit cette Eglise et sillonné le monde pour consoler votre peuple contraint à l’émigration. La paix enfin est revenue, toujours fragile, mais toujours actuelle.

Le Pape Jean-Paul II, que j’aurai la joie de proclamer Bienheureux le 1er mai prochain, vous a appelé à devenir membre du Collège des Cardinaux, le 26 novembre 1994, pour vous insérer dans une communion plus profonde avec l’Eglise Universelle. La venue de mon vénérable Prédécesseur à Beyrouth, en 1997, pour signer l’Exhortation Apostolique post-synodale: Une espérance nouvelle pour le Liban, a marqué de nouveau le lien constant de Votre Église avec le Successeur de Pierre.

Lorsque j’ai convoqué le Synode extraordinaire pour le Moyen-Orient en septembre 2009, je vous ai nommé Président délégué ad honorem pour souligner la valeur du service ecclésial que vous avez accompli au nom du Christ.

Ces derniers jours j’ai béni la statue de Saint Maron placée auprès de la Basilique Saint Pierre à la fin de l’année jubilaire et j’ai pu vous saluer ainsi que le Président de la République Libanaise et de nombreux Evêques et fidèles.

Vous avez choisi de renoncer à la charge de Patriarche d’Antioche des Maronites en cette circonstance très particulière. Maintenant, j’accueille votre décision libre et magnanime qui est l’expression d’une grande humilité et d’un profond détachement. Je suis sûr que vous accompagnerez toujours le chemin de l’Église Maronite par la prière, le sage conseil et les sacrifices.

Je demande à Dieu Tout-Puissant, par l’intercession de Saint Maron et de Notre-Dame du Liban, de vous combler de ses bienfaits. De grand cœur, je vous adresse la Bénédiction Apostolique ainsi qu’aux évêques, aux prêtres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles de l’Église Maronite, et à la bien-aimée Nation Libanaise!


Au Vatican, le 26 février 2011.


Historique de cette démission:
Le Patriarche maronite du Liban, Nasrallah Sfeir, aurait présenté sa démission au pape

La concomitance de la chute du gouvernement et de l’annonce d’une démission du patriarche maronite a été très mal reçue par l’opinion. Une source autorisée, proche de Bkerké, a fait le point pour « L’Orient-Le Jour ».
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a-t-il « démissionné » ? C’est ce qu’a affirmé hier l’Agence nationale d’information (ANI-officielle) dans une dépêche qui affirmait : « Après une rencontre avec Mgr Nasrallah Boutros Sfeir, le ministre Boutros Harb a annoncé que le patriarche avait présenté sa démission au Saint-Siège, lui demandant de le décharger de ses fonctions. »
« Le Vatican n’a pas encore tranché », a ajouté l’agence, sans élaborer. La veille, le quotidien al-Chark avait publié une nouvelle en ce sens, qui avait été démentie par le patriarcat maronite. Hier, et avant que M. Harb ne se prononce, l’évêque maronite du Batroun, Boulos Émile Saadé, avait démenti aussi la nouvelle, estimant que « sa diffusion par certains organes de presse vise à créer une confusion entre le religieux et le politique ».
Qu’en est-il au juste ? Selon une source autorisée proche du patriarcat maronite, le patriarche Sfeir a effectivement fait part au pape Benoît XVI, au cours de son dernier séjour à Rome, il y a quelques semaines, de son intention de se démettre de ses charges. Au Liban, il l’aurait annoncée aux membres du synode des évêques maronites, sous le sceau de la confidentialité. Il ne pouvait prévoir que le bruit parviendrait jusqu’à la presse, et surtout qu’il coïnciderait avec la chute du gouvernement. Selon la source citée, « il ne faut pas se perdre en conjectures et se laisser aller à des spéculations qui ne servent ni les intérêts des chrétiens, les maronites en particulier, ni ceux des Libanais. Le patriarche Sfeir continuera de tenir la barre du navire, en sage timonier, jusqu’au moment où le Saint-Père dira son mot.
« La décision du patriarche Sfeir de remettre le flambeau à un successeur, après 25 ans de règne patriarcal dans les circonstances les plus délicates qu’ait connues de son histoire, et nonobstant le fait qu’elle ait été formulée verbalement ou par écrit, ou des deux manières, ne prendra sa forme définitive qu’après son acceptation par le pape, qui pourrait y surseoir provisoirement. Ce qui s’est passé est assimilable à une déclaration formelle d’intention. Le Vatican n’y est strictement pour rien. Aucune proposition, aucune suggestion n’a été formulée en ce sens par le Saint-Siège. » En privé, des sources proches du patriarche affirment que le chef de l’Église maronite a atteint l’âge de 90 ans, et que, malgré son étonnante forme et sa clairvoyance intellectuelle, il s’agit là d’un « seuil psychologique » dont il a décidé qu’il fallait tenir compte.
Ces mêmes sources ajoutent que le patriarche a été excédé par le carriérisme de certains évêques qui, tout en faisant son éloge, manifestaient à son égard une certaine impatience. C’est ainsi qu’il a été plus gêné que flatté de l’annonce qu’un jubilé sacerdotal, épiscopal et patriarcal lui était préparé pour mai prochain, à l’occasion de son anniversaire.
Le cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, âgé de 90 ans, est à la tête de l’Église maronite depuis 1986. Il est le 76e patriarchemaronite depuis l’arrivée des premiers disciples de saint Maron au Liban, il y a plus de 1 500 ans. Au-delà de son leadership religieux, il a joué un rôle considérable dans la vie politique du Liban. C’est notamment à son appel en 2000 que le mouvement opposé à l’hégémonie de la Syrie, alors puissance de tutelle depuis trois décennies au Liban, a commencé à prendre de l’ampleur, jusqu’au retrait des troupes syriennes en 2005, dans la foulée de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Source : Par Fady NOUN, L’Orient-Le Jour, 17/1/2011
 
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vendredi 25 février 2011

Liban : Geagea : Les soulèvements dans la région auront un impact positif sur la révolution du Cèdre et le courant arabe libre

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« Les jeunes et la société civile ont un rôle fondamental à jouer dans le mouvement du 14 Mars. » Interview Quelles pourraient être les retombées géopolitiques sur la région, et le Liban, des soulèvements populaires dont ont été le théâtre certains pays arabes ? Ces développements renforceront-ils les mouvements islamistes, dont le Hezbollah, ou, au contraire, donneront-ils un élan à ce que l'on peut qualifier de « courant arabe libre », et plus particulièrement la révolution du Cèdre ? Les événements en cours sont-ils le reflet de l'émergence d'une « question chiite » au M-O ? Autant de questions auxquelles le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, tente d'apporter, dans une interview à « L'Orient-Le Jour », des éléments de réponse.

Depuis quelques mois, et plus particulièrement depuis le début de l'année, la région du Moyen-Orient est le théâtre de profonds bouleversements sociopolitiques dont l'impact à moyen et long terme est pour l'heure difficilement prévisible. Mais au stade actuel, et dans l'attente que la situation se décante, quelle analyse préliminaire peut-on déjà faire des possibles retombées géopolitiques des soulèvements populaires qui ont secoué certains pays arabes ces dernières semaines ? Cette nouvelle donne historique qu'ont constituée ces soulèvements populaires aboutira-t-elle au renforcement des mouvements islamistes dans la région, notamment du Hezbollah au Liban, ou au contraire aura-t-elle pour conséquence de donner un élan soutenu à ce que l'on pourrait désigner le « courant arabe libre », dont la révolution du Cèdre a été l'une - et la première - des manifestations ? Dans ce contexte, à la lumière du coup de force effectué par le Hezbollah au Liban, et compte tenu du renforcement des alliés de l'Iran à Bagdad et de la relance de la contestation chiite à Bahreïn et au Yémen (par le biais des houthis, les rebelles chiites), peut-on parler de l'émergence d'une « question chiite » au Moyen-Orient sous l'effet de la politique expansionniste du régime iranien, contre laquelle avaient mis en garde un groupe d'intellectuels, de journalistes et de responsables politiques libanais à l'occasion de la visite du président Ahmadinejad au Liban ?

Dans une interview accordée à L'Orient-Le Jour, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, tente d'apporter des premiers éléments de réponse à l'ensemble de ces interrogations soulevées par les derniers développements dans la région. Loin des méandres de la politique politicienne et des approches réductrices traditionnelles, il fait montre d'une vision perspicace, stratégique et globale, s'inscrivant dans le long terme, des bouleversements qui frappent le Moyen-Orient.

M. Geagea souligne d'emblée que ce qui se passe dans la région présente plusieurs aspects, dont l'un d'eux est le problème chiite, ou ce que certains analystes politiques qualifient de « question chiite ». Dans le but évident d'éviter que leur projet politique ait une connotation confessionnelle chiite trop marquée, « l'Iran et le Hezbollah tentent de donner à cette question chiite un aspect lié à la confrontation avec Israël », souligne M. Geagea. « Mais l'important n'est pas la posture médiatique et politique qu'ils adoptent, mais plutôt la perception que suscite leur ligne de conduite, précise le leader des FL. Ce qui se passe au Yémen et à Bahreïn, et même à Gaza où le mouvement Hamas est considéré comme un instrument iranien, est perçu comme le reflet d'un essor chiite. C'est cette perception qui est importante. Nous assistons donc à l'émergence d'une question chiite, mais elle a une connotation iranienne et non pas arabe. Ce problème est d'ailleurs soulevé par une partie de la presse arabe, de même qu'il est abordé lors de certains forums arabes qui se font le reflet d'une perception dont il ressort que les chiites ont un projet propre à eux qui dépasse le contexte arabe. Les courants chiites qui inscrivent leur action dans ce cadre sont tombés dans le piège contre lequel avait mis en garde Mohammad Mehdi Chamseddine », souligne M. Geagea.

Sur quelles bases cette question chiite pourrait-elle être réglée ou contournée ? « L'imam Mohammad

Mehdi Chamseddine soulignait que les chiites devaient éviter d'avoir un projet (transnational) propre à eux, répond le leader des FL. La solution réside donc dans le fait que chaque communauté chiite (dans les différents pays arabes où la communauté est implantée) devrait s'intégrer dans sa société et son environnement national au lieu d'avoir un projet politique transnational lié à d'autres groupes chiites dans d'autres pays. C'est ce que prônait clairement Mohammad Mehdi Chamseddine. Même si ce projet (transnational) est présenté comme étant lié au conflit avec Israël, il reste qu'il est perçu comme étant un projet chiite dépassant les frontières et le cadre arabes. »

Les retombées des soulèvements populaires

Abordant le dossier des retombées géopolitiques possibles des soulèvements populaires dans certains pays arabes, M. Geagea relève d'abord que le leitmotiv de ces soulèvements populaires était la quête de liberté et de démocratie, le bien-être social, les réformes politiques internes, la lutte contre la pauvreté et le chômage, etc. « Les problèmes soulevés lors des manifestations et des rassemblements étaient d'ordre interne, et, à de rares exceptions près, nul n'a soulevé des questions d'ordre stratégique, souligne le leader des FL. Tous les slogans étaient axés sur la liberté, la démocratie, les réformes, etc. Fait significatif, nous n'avons pas vu de drapeaux américains ou israéliens brûlés. »

Partant de cette constatation, M. Geagea estime qu'il serait erroné de penser que ces soulèvements populaires affaibliront en définitive « le courant arabe libre », ou ce que certains appellent le « camp arabe modéré ». « Bien au contraire, indique-t-il, ces bouleversements pourront renforcer le camp arabe libre car ils ne manqueront pas d'insuffler un sang neuf au niveau du pouvoir et de mettre en place des régimes plus stables car fondés sur des bases plus saines, plus rationnelles, plus transparentes, plus démocratiques, ce qui ne manquera pas d'avoir des effets bénéfiques. »

Il n'en demeure pas moins que certains milieux craignent que les derniers développements aboutissent, d'une manière générale, à un renforcement des mouvements islamistes. Là aussi, M. Geagea part d'une constatation. « Lors des rassemblements populaires, la majorité écrasante des manifestants n'était visiblement pas des islamistes ou des fondamentalistes, lesquels sont facilement reconnaissables, relève le leader des FL. Lors des manifestations, on pouvait constater la présence de beaucoup de filles et de femmes, et d'une manière générale des jeunes qui n'avaient pas l'air d'être fondamentalistes. » Et de poursuivre : « Je ne pense pas que ces soulèvements populaires auront pour effet de renforcer considérablement les mouvements islamistes. À titre d'exemple, les Frères musulmans en Égypte ont déjà annoncé qu'ils ne présenteront pas de candidat à la présidentielle, ce qui signifie qu'ils sont conscients du fait qu'ils ne sont pas en mesure d'enregistrer un bon score. Donc, à mon avis, nous allons assister à l'émergence de pouvoirs plus démocratiques. Les islamistes pourront sans doute être associés au pouvoir, mais d'une manière globale, les régimes seront plus démocratiques. »

L'impact sur le Liban

Qu'en est-il des retombées possibles des derniers bouleversements sur la scène libanaise ? « Dans l'immédiat, il n'y a pas d'impact perceptible, malgré le triomphalisme, injustifié, dont fait preuve à cet égard le 8 Mars, souligne M. Geagea. Par contre, à moyen et long terme, je prévois un impact positif sur la révolution du Cèdre. Force est de relever, en effet, que le Hezbollah est un parti totalitaire, et les soulèvements auxquels nous avons assisté sont à l'antipode du totalitarisme. Ce sont des mouvements qui ont revêtu un caractère libéral et démocratique, et ils sont donc l'antithèse de la nature totalitaire du Hezbollah et du régime syrien. De ce fait, l'impact à moyen et long terme ne peut être que positif sur les mouvements démocratiques et pluriels, tels que la révolution du Cèdre. »

Dans un tel contexte et à la lumière des dernières prises de position du 14 Mars après le coup de force entrepris par le Hezbollah, quelle forme pourrait prendre la confrontation à laquelle semble se préparer la coalition du 14 Mars ? « Cette confrontation ne prendra que des formes démocratiques et pacifiques, dans le cadre de la loi, précise M. Geagea. Mais elle sera énergique, dynamique, claire, sans aucune ambiguïté, sur base d'un projet et d'une plate-forme très clairs et sans équivoque, jusqu'à l'aboutissement de cette confrontation. Des actions sur le terrain ne sont évidemment pas à exclure, mais conformément à la loi, et d'une manière civilisée et démocratique, et dans un esprit positif et constructif. »

Et M. Geagea d'ajouter : « Les jeunes et la société civile seront appelés à jouer un rôle fondamental dans ce cadre. Notre mouvement ne peut être fondé que sur le rôle des jeunes et de la société civile car ce sont eux qui sont concernés par les enjeux qui portent sur la liberté, la souveraineté, la prospérité économique, le plein emploi, les pratiques démocratiques. La révolution du Cèdre 2 sera ainsi basée sur un projet clair, ferme, sans ambiguïté, transparent, démocratique et rassembleur. »

Mais le 14 Mars ne risque-t-il pas d'être à nouveau victime, comme ce fut le cas au cours des deux dernières années, d'une realpolitik régionale et de pressions exercées par certains acteurs régionaux ? « Nous avons tenté la politique de la main tendue et de l'ouverture, et à la lumière des résultats auxquels cela a abouti, nous ne sommes pas disposés à réitérer une telle expérience, souligne M. Geagea. Pour nous, la situation est désormais très claire. Nous ne sommes plus contraints d'accepter ce dont nous se sommes pas convaincus, d'autant que nous ne sommes plus au pouvoir. Nous ne sommes plus obligés de composer quant au fond. Telles seront les caractéristiques de la révolution du Cèdre 2... »

Rendez-vous, dans une première étape, le 14 mars prochain à la place des Martyrs, la place de la Liberté...

Partager Par Michel TOUMA


L'Orient-Le Jour

25/02/2011
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Qui est la Première Dame de Syrie : Asma El Assad ?

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Vous êtes née et avez grandi en Angleterre, où vous avez rencontré votre mari. Comment avez-vous vécu votre retour en Syrie pour devenir la première dame du pays ?

Asma El-Assad. Je suis syrienne et peu importe l’endroit où je suis née, je me suis toujours sentie syrienne. J’ai vécu à Londres pendant vingt-cinq ans. J’ai donc eu la chance d’être exposée aux deux cultures et en particulier à une quantité d’expériences que la culture britannique avait à m’offrir. Lorsque je suis rentrée, je n’ai jamais pensé que je partais vivre dans un endroit inconnu. Pour moi, c’était comme si je retournais à la maison. Je parlais la langue, je vivais dans la culture syrienne et j’étais consciente de l’héritage. La seule différence, c’est qu’en Angleterre j’étais célibataire, alors qu’en Syrie j’étais mariée. Etre désignée comme première dame est un privilège et un honneur. C’est aussi beaucoup de travail, surtout en Syrie où les gens veulent que vous vous impliquiez. Ils ne veulent pas qu’une première dame soit là uniquement pour les cérémonies. Ils exigent que vous soyez partie prenante dans le développement du pays et que vous accompagniez le changement qui est en train de se produire.

Vous avez été une femme d’affaires. Est-ce un avantage dans votre action aujourd’hui ?

Il y a des choses que vous pouvez planifier dans la vie. J’ai fait des études d’informatique à l’université. J’ai voulu travailler dans une banque d’investissement et faire un MBA. Mais je n’avais pas prévu d’épouser un chef d’Etat. La vie est pleine de surprises. Je l’ai épousé pour les valeurs qu’il incarne et parce que nous nous sentons très proches. Bien sûr, mon expérience professionnelle, tout ce que j’ai appris dans la finance me sert aujourd’hui : avoir un jugement critique, être capable de travailler avec une énorme pression. Je travaille dans le développement, dans l’éducation et la citoyenneté, et ma formation me sert.

On remarque que des premières dames comme Michelle Obama ou Carla Bruni jouent un rôle de plus en plus ­visible auprès de leur mari, spécialement pour améliorer leur image. Comment concevez-vous votre rôle ?

Je ne pense pas que mon mari ait un problème d’image. [Rires.] Il n’a besoin ni de moi ni de personne pour améliorer son image. Mais l’image peut être fausse et construite, ou elle peut être vraie. J’essaie de m’attacher à la vérité. Je pars de là pour envisager ce qui doit changer dans mon pays. En ce sens, je crois que mon mari et moi, nous nous complétons. Les premières dames sont longtemps restées dans l’ombre, et l’émergence des femmes en politique est récente. Tout dépend de quel endroit du monde il s’agit. En Extrême-Orient, il y a plus de trente ans que des femmes ont atteint des positions de présidents. Au Moyen-Orient, je suis loin d’être la seule.

Que représente votre visite en France ?

Nos pays ont une longue relation historique. Nous ne pouvons ni ne devons l’ignorer. A notre époque, les relations entre pays sont surtout politiques. Mais la politique a ses hauts et ses bas. Je crois que nous devons apprendre des leçons du passé et diversifier la nature de nos rapports. Nous devons renforcer nos échanges dans la ­culture, dans l’éducation et dans l’économie. Ainsi, quand en politique les échanges sont au plus bas, nous disposons d’autres manières de communiquer et de nous retrouver. Ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier. Nous voulons que notre relation se construise au fil du temps. En Syrie, depuis trois ans, nous plaçons la culture au cœur de notre développement national. Il y a deux ans, nous avons commencé un partenariat avec le Louvre. Nous ­voulons profiter de leur expertise dans l’interprétation du passé et l’analyse historique. Nous avons les meilleurs laboratoires et le meilleur équipement de recherche. Sur le plan culturel, nous avons besoin de vous autant que vous avez besoin de nous. Nous sommes deux pays développés, fiers de leur passé et tous deux laïques. Ce sont d’excellentes raisons pour construire un contact durable.

Sur la laïcité, la France connaît des problèmes d’inté­gration, spécialement de sa population musulmane. ­Comment les Syriens perçoivent-ils notre débat sur la ­nationalité ?

Si quelqu’un décide d’immigrer dans un pays, il faut qu’il prenne la décision de s’intégrer dans la société. C’est indispensable. Réciproquement, il faut que le pays choisi l’accueille. Il doit y régner un esprit d’ouverture. En Syrie, par exemple, nous avons une très importante communauté ­syrienne arménienne. Ils parlent leur langue, ont leurs écoles, etc. Ils sont venus chez nous, il y a un siècle, avec l’idée de s’intégrer dans la société. Ils voulaient faire partie de notre société. Depuis toujours, nous intégrons des populations très différentes. Nous puisons notre force dans cette diversité. Les chrétiens sont menacés dans de nombreux pays du monde musulman.

Récemment, un massacre a été perpétré au cours d’une messe à Bagdad. La Syrie semble épargnée.

Quand nous disons que la Syrie est laïque, nous voulons dire que nous tolérons toutes les religions. Les gens chez nous sont libres de pratiquer comme bon leur semble. Nous sommes laïques à cause de notre histoire, pas à cause d’une nécessité de vivre ensemble à une époque troublée. Quand le chef de l’Etat s’agenouille pour prier devant la Grande Mosquée des Omeyyades, il s’agenouille devant le tombeau de saint Jean-Baptiste, un saint chrétien. Chez moi, cela fait partie de mon identité, c’est comme mon bras droit et ma jambe gauche.

Avez-vous été surprise par ce que les Américains pensent de vous, à travers les télégrammes diplomatiques rendus publics par WikiLeaks ? Est-ce une menace pour les ­nations de voir leurs secrets révélés comme cela ?

La vraie question, c’est : qu’est-ce que cela dit sur l’Occident et sa vision de la liberté de parole ? C’est plus important que les détails sur ce que les uns pensent des autres. Ce qui est en cause, ce sont les valeurs de démocratie et de liberté de parole dont l’Occident s’enorgueillit et qu’il utilise pour juger les autres.

"Les femmes jouent un rôle majeur"

Est-ce bon ou pas bon pour les Etats ?

Ce n’est pas à moi de le dire. C’est l’Occident qui est concerné. Ce sont vos valeurs sur la démocratie qui sont en cause.

Au moment de la guerre en Irak en 2003, la Syrie était isolée.

Une partie de la droite américaine poussait pour qu’elle soit la prochaine sur la liste des pays dont il fallait changer le régime. Comment avez-vous vécu cette époque ?

Je crois que quiconque tente d’isoler quelqu’un ne fait que s’isoler lui-même. Notre préoccupation à l’époque n’était pas notre isolement, mais l’action humanitaire auprès des Irakiens qui fuyaient la guerre et venaient chez nous. Nous avons, en quelques mois, vu notre population augmenter de 10 %. Nous avons tout fait pour leur venir en aide, pour qu’ils aient l’accès à l’éducation, un toit pour ­vivre et une aide psychologique.

Sont-ils repartis en Irak depuis ?

Leur nombre a diminué, mais il est toujours autour de 900 000, ce qui reste considérable.

Les élections de Barack Obama et de Nicolas Sarkozy ont-elles changé la donne pour la Syrie ?

Je ne les connais pas personnellement, donc je ne pense pas être la meilleure personne pour commenter. Il faut demander à un homme politique.

Vous dites que la Syrie est un partenaire pour la paix dans la région. Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour obtenir la paix ?

Nous pensons en effet que la seule solution, c’est la paix. Mais pour danser le tango, il faut être deux. Et, ­aujourd’hui, nous n’avons pas ce partenaire pour la paix.

Comment voyez-vous le rôle des femmes en politique dans le Moyen-Orient ?

Elles jouent déjà un rôle majeur au Pakistan, aux ­Philippines et en Indonésie. En Europe et aux Etats-Unis, très peu de femmes ont atteint la magistrature suprême. En Syrie, le vice-président est une femme. Nous sommes les seuls dans le monde arabe à avoir une femme à une fonction aussi élevée. Notre Parlement est composé de 13 % de femmes. Aujourd’hui, il n’y a rien que les femmes ne peuvent faire.

source: Paris Match

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dimanche 13 février 2011

Chine- Afrique : Les Cinq Piliers de la Puissance Chinoise en Afrique

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Spécial Diplogéostratégies


Les cinq piliers de la puissance chinoise en Afrique

Depuis la Déclaration de Beijing d’octobre 2000, neuf ouvrages sur dix consacrés à la percée chinoise en Afrique ont été édités en Europe et en Amérique du Nord. Des études essentiellement quantitatives où chiffres et anecdotes ne suffisent pas à rendre compte des vraies raisons de la puissance chinoise sur ce continent.
Cette analyse relève exclusivement de la perception africaine des relations sino-africaines. Elle répond au relatif « déficit de points de vue africains » dans une problématique travaillée par la guerre de l’information, l’hyper-concurrence internationale et la redistribution des pièces sur les échiquiers géoéconomique et géopolitique africains.
Sur les terres d’Afrique, la puissance chinoise est perçue par les analystes africains de Knowdys comme reposant principalement sur cinq piliers : un discours structuré et cohérent, un pouvoir financier solide, une intelligence économique performante, une influence diplomatique croissante et un réseau d’instituts Confucius extensible.

1. Un discours structuré et cohérent

De janvier 2004 à février 2009, Hu Jintao s’est rendu dans 18 pays d’Afrique : Égypte, Gabon et Algérie en janvier 2004 ; Maroc, Nigeria et Kenya en avril 2006 ; Cameroun, Liberia, Soudan, Zambie, Namibie, Afrique du Sud, Mozambique et les Seychelles en février 2007 ; Mali, Sénégal, Tanzanie et Maurice en février 2009. En moyenne, le chef de l’Etat chinois a visité l’Afrique une fois, chaque trimestre, entre 2004 et 2009.
L’analyse des discours officiels prononcés lors de ces 18 voyages donne l’impression qu’ils sont sortis d’un moule. Leur structure, 30 000 signes en moyenne par discours, révèle quasi systématiquement : 1) le rappel de l’histoire des relations sino-africaines, 2) les réalisations chinoises en Afrique, 3) les promesses de la Chine à l’Afrique, et 4) l’assurance d’une collaboration fraternelle, respectueuse, durable et « gagnant-gagnant ».
Cette rhétorique est répercutée avec une saisissante cohérence par les officiels, les patrons des grandes entreprises d’Etat et les diplomates chinois en poste ou en visite sur le sol africain. Pour la plupart des leaders politiques africains, ce discours récurrent, solidaire et respectueux est le premier pilier de la réussite chinoise sur le continent noir. Considéré comme le « grand frère asiatique », Pékin apparaît ainsi comme une puissance humble et solide tout à la fois.

2. Une surface financière solide .

Forte de 2400 milliards de réserve de change à la fin 2009 et de 5200 milliards de dollars de PIB en 2010, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale devant le Japon. Au cours des dix dernières années, son économie a crû de 10%. L’empire du Milieu dispose désormais d’une surface financière solide pour acquérir du renseignement économique, des technologies de pointe, des entreprises étrangères et les ressources naturelles qui concourent à sa puissance.
En 2000, la Chine a effacé une ardoise de 1,5 milliard de dollars de dette au profit de pays africains. Deux ans plus tard, elle leur a accordé 1,8 milliard de dollars d’aide au développement. En 2003, elle a de nouveau annulé une dette de 750 millions de dollars. En 2006, elle a signé avec les pays africains des accords commerciaux de l’ordre de 60 milliards de dollars.
Entre 2000 et 2005, les flux d’investissements directs chinois (IDE) en Afrique ont atteint 30 milliards de dollars, alors qu’ils n’étaient que de 490 millions de dollars fin 2003. Lors du sommet Chine-Afrique de novembre 2006, Pékin s’était fixé comme objectif de doubler le commerce bilatéral avec l’Afrique pour atteindre les 100 milliards de dollars avant 2010. Cet objectif a été dépassé en 2008 avec des échanges d’un montant de 106,8 milliards. Alors que l’Europe et les États-Unis serraient les cordons de la bourse, Pékin a tenu sa promesse de ne pas abandonner l’Afrique malgré la crise économique et financière internationale.

3. Une intelligence économique performante

La puissance chinoise serait-elle aussi présente dans l’économie africaine sans des systèmes performants de collecte, de traitement et de partage des informations relatives aux besoins des décideurs africains, à la concurrence, à la demande locale et aux appels d’offre ? Pas sûr. L’intelligence économique est le pilier sur lequel reposent les grandes victoires chinoises autour des contrats de défense, d’aéronautique, du BTP et d’exploitation des ressources rares en Afrique.
D’après He Wenping, directeur des études africaines à l’Académie chinoise des sciences sociales de Pékin, « le gouvernement chinois encourage les entreprises à investir en Afrique dans des secteurs aussi variés que le commerce, l’agriculture, la construction, les mines, le tourisme ». Cet encouragement du gouvernement réside aussi bien dans le soutien financier (à travers le Fonds de développement Chine-Afrique notamment) que dans le renseignement économique. Au premier semestre 2010, l’Afrique abritait déjà un millier d’entreprises chinoises ; estimation en constante augmentation.
Pour ce qui est de l’intelligence stratégique formelle, le Parti communiste chinois (PCC) continue de maîtriser et d’accompagner les grandes entreprises publiques telles que la China Petrochemical Corporation ou la China National Machinery and Equipment Corporation (CNMEC). Dans l’opérationnel, le PCC a de moins en moins prise sur les activités des entreprises privées. Ces dernières trouvent leur salut dans des dispositifs relativement légers, mais très efficaces d’intelligence économique « informelle » mettant en réseau des opérateurs ayant en commun leur région d’origine (en Chine) et leur secteur d’activités (en Afrique). Lorsqu’ils sont identifiés et jugés « loyaux », ces dispositifs bénéficient du concours des services diplomatiques chinois en matière de renseignement économique et d’influence.

4. Une influence diplomatique croissante

Contrairement à ce que peuvent laisser croire certains chroniqueurs occidentaux, l’attrait de la Chine pour l’Afrique n’est pas récent. Loin s’en faut. Du 18 au 24 avril 1955, le Premier ministre chinois Zhou Enlai profita de la Conférence de Bandung (qui marquait l’entrée du tiers-monde sur la scène internationale et posait les bases du mouvement des non-alignés) pour rencontrer les dirigeants égyptiens, éthiopiens, ghanéens, libériens, libyens et soudanais. A l’époque, les motivations chinoises étaient surtout politiques et idéologiques ; situation visible à travers le soutien de Pékin aux luttes anticoloniales et la récupération de son siège de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU en 1971. Avec la disparition de Mao, la diplomatie chinoise se fit quelque peu discrète, avant de reprendre des couleurs. A la fin du quatrième trimestre 2010, la Chine était en relation avec la quasi-totalité des pays de l’Union africaine, à l’exception de la Gambie, du Swaziland, du Burkina Faso et de São Tomé & Principe, quatre pays qui continuent de reconnaître Taïwan, contre dix en 1993.
Depuis Bandung, la Chine a donc conservé un intérêt marqué pour l’Afrique, intérêt qui s’est toutefois considérablement accéléré au cours de la décennie qui s’achève, faisant de la diplomatie économique un pilier de la puissance chinoise en Afrique. En témoigne la mise en place d’un Forum bilatéral de discussion sino-africain (FOCSA) dont la quatrième session s’est tenue en Égypte en novembre 2009. Depuis quelques mois, Pékin travaille à la construction de six zones de coopération économique et commerciale en Égypte, en Éthiopie, au Nigeria, à Maurice et en Zambie. Première du genre, la zone de coopération avec la Zambie a déjà attiré 600 millions de dollars d’investissements et généré 6000 emplois locaux.
Dans le domaine de la défense, de nombreux accords ont été signés avec des pays tels que l’Angola, le Botswana, le Congo, Érythrée, la Namibie, le Soudan et le Zimbabwe. Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, la Chine a nettement renforcé sa coopération militaire avec l’Afrique. Elle s’est ouvert de juteux marchés dans la vente de matériels militaires en Angola, au Burkina Faso, en Centrafrique, au Liberia, en RDC, au Sénégal et au Tchad, notamment pour l’artillerie légère, des véhicules blindés, des uniformes et du matériel de communication. Elle a décroché des contrats de fourniture d’hélicoptères en Angola, au Ghana et au Mali ; des avions d’entraînement K8 en Namibie, au Soudan et au Zimbabwe, etc. La plupart de ces marchés ont été conquis par les deux géants de l’armement chinois que sont la China North Industry Corporation et Polytech Industries.

5. Un réseau Confucius extensible

Officiellement, les instituts Confucius ont pour objectif de promouvoir la langue et la culture chinoises, « d’augmenter le nombre d’étudiants, de les rendre compétitifs sur le plan mondial et surtout en Chine, de sorte qu’ils puissent facilement s’adapter au système s’ils venaient à y suivre des études ». Au sens du soft power, le réseau des instituts Confucius constitue pourtant un pilier stratégique dans le dispositif chinois de conquête du monde par les idées.
En novembre 2009, alors que leur nombre était de 282 dans le monde, Pékin a annoncé leur extension en Afrique à partir de 2010. Depuis 2005, chaque déplacement d’un membre de l’exécutif chinois en Afrique donne lieu à la visite d’un institut Confucius ou d’un établissement dispensant l’enseignement du chinois. Exemples : le 29 avril 2006, le président Hu Jintao, en visite au Kenya, a rencontré les étudiants et le personnel de l’institut Confucius de Nairobi ; le 20 juin 2006, c’était au tour du Premier ministre Wen Jiabao, en visite au Congo, de saluer des élèves et enseignants apprenant le chinois dans un lycée de Brazzaville ; le 24 mars 2010, Jia Qinglin, le numéro 4 chinois, en déplacement officiel au Cameroun, a sacrifié au même rituel en visitant l’institut Confucius de Yaoundé.
Dans une stratégie de puissance douce qui passe par divers mécanismes de coopération, la construction de stades, d’hôpitaux et d’écoles pour les plus pauvres, les instituts Confucius sont un poste avancé de l’intelligence culturelle chinoise hors des frontières nationales. Ils jouent un rôle de premier plan en matière de séduction et d’influence des élites étrangères.

Quelles conséquences tirent les Africains ?

A ce jour, l’enquête la plus sérieuse sur la perception africaine de la présence chinoise en Afrique reste celle de l’institut Pew, Malaise global avec les grandes puissances, réalisée dans dix pays africains (Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Kenya, Mali, Nigeria, Ouganda, Sénégal et Tanzanie) et publiée en juin 2007. D’après les conclusions de cette étude, « la puissance économique montante de la Chine a un rôle positif dans les pays des personnes interrogées, notamment dans le monde en voie de développement ».
En retour, la Chine attire de plus en plus de chercheurs, d’étudiants, de réfugiés économiques, de créateurs et d’investisseurs africains. D’après le livre blanc sur la coopération économique et commerciale sino-africaine publié le 23 décembre 2010, les IDE africains en Chine ont atteint 9,93 milliards de dollars au dernier trimestre 2009, « couvrant notamment les domaines de la pétrochimie, de l’outillage, de l’électronique, du transport et des télécommunications ».
Ainsi donc, des politiques aux médias, des opérateurs économiques aux « débrouillards », des hommes de science aux artistes, l’Afrique se tourne progressivement vers l’empire du Milieu. Spectaculaire par son ampleur et sa rapidité, ce changement de paradigme se fait au grand bonheur des stratèges chinois dont la mission africaine, en plus de l’exploitation des ressources naturelles, est de faire de ce continent la vitrine de leur puissance en croissance.

Guy Gweth
CEDS
Consultant en intelligence économique chez Knowdys

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Syrie :La Syrie à l'abri de la contagion tunisienne et égyptienne, estime Bachar el-Assad

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Dr Bachar el Assad accompagné de sa femme lors d'un voyage en Turquie


 Le président syrien Bachar el-Assad a dit voir dans la révolution tunisienne et les manifestations en Egypte le signe d'une "ère nouvelle" dans la région, tout en jugeant que la Syrie était à l'abri de la contagion.

"La colère se nourrit du désespoir", a-t-il commenté à propos de la Tunisie et de l'Egypte dans un de ses rares entretiens accordés à la presse occidentale, publié lundi par le "Wall Street Journal".

"Nous avons des circonstances plus difficiles que la plupart des pays arabes, mais malgré cela, la Syrie est stable. Pourquoi? Parce qu'il faut être très proche des croyances de la population", ajoute-t-il. "C'est là le coeur du problème. Quand il y a divergence (...) il y aura un vide qui crée des perturbations"

Syrie - Damas - Eglise De Hanania Où Préchait St Paul
( photo : diplogeostrategies)

Bachar, 45 ans, ophtalmologue formé en Grande-Bretagne, a accédé au pouvoir en 2000, succédant à son père Hafez el-Assad, mort après trois décennies de règne autoritaire. Il a depuis mis la Syrie sur le chemin du libéralisme économique, mais sans l'assortir de réformes politiques: la dissidence y est toujours étouffée et réprimée.

Mais le raïs de Damas est cependant considéré comme l'un des rares dirigeants de la région ayant la volonté de s'opposer à Israël. Et le soutien du régime syrien aux groupes militants palestiniens Hamas et libanais Hezbollah, ainsi que son opposition à l'invasion américaine en Irak lui valent une plus grande popularité que d'autres de ses pairs du monde arabe.

"Ceci est une révolution contre quiconque veut s'opposer aux croyances de la population", a-t-il mis en avant.

source: AP
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France – Liban: Report de livraison des 100 missiles Hot au Liban

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France – Liban: Report de livraison des 100 missiles Hot au Liban



Le gouvernement Français aurait décidé du report de la livraison de 100 missiles antichars HOT qui devraient équiper les hélicoptères Gazelle de l’armée libanaise, a indiqué le quotidien panarabe Al Hayat ce jeudi.


Ce report intervient suite à la chute du gouvernement Saad Hariri et à son remplacement par le premier ministre désigné Nagib Mikati.


Les autorités israéliennes et des représentants américains avaient, à plusieurs reprises, demandé à la France d’annuler cette livraison, estimant que ces missiles pourraient tomber dans les mains du Hezbollah. Le gouvernement libanais avait, quant à lui, indiqué que la tenue de l’inventaire de l’Armée Libanaise démontrait l’impossibilité d’un tel scénario.

source : libanews




Dossier:


Euromissile HOT


Présentation

Fonction missile antichar à guidage optique

Constructeur Aérospatiale et MBB

Déploiement 1978

Caractéristiques

Masse au lancement 23,5 kg

Longueur 1 275 mm

Diamètre 165 mm (ogive)

Envergure 312 mm

Vitesse 900 km/h

Portée 75 m - 4 250 m

Charge 6 kg

Guidage optique

Détonation 800 mm d’acier

Plateforme de lancement Hélicoptère

VAB

Poste de tir au sol

Le HOT (Haut Subsonique Optiquement Téléguidé) d'Euromissile (toutes les activités de cette compagnie ont été depuis fusionnées dans MBDA) est un missile antichar à guidage optique et à vitesse subsonique haute destiné à être tiré à partir d'un véhicule terrestre ou d'un hélicoptère. Il est produit depuis 1978 par Aérospatiale et MBB (maintenant EADS) et commercialisé par Euromissile, une coentreprise franco-allemande filiale d'EADS.

Tir depuis un Renault Trucks Défense Véhicule de l'avant blindé du 2e régiment étranger d'infanterie.Il a équipé en version aéroportée les hélicoptères de combat Gazelle de l'ALAT et Bo 105P (PAH1 = Panzerabwehrhubschrauber de 1re génération) des Heeresflieger (ALAT allemande).

HOT 3Il équipe également le Tigre d'Eurocopter.

Le missile HOT équipe les unités antichar longue portée sur VAB HOT MEPHISTO (Module Elévateur Panoramique HOT Installé Sur Tourelle Orientable - MIRA) (armée de terre Française) et les unités sur JAGUAR HOT de l'armée de terre allemande.

Des prototypes de postes de tir HOT sur véhicules légers de type Peugeot P4 furent proposés mais non acceptés.

Lanceur HOT-3 sur un Tigre de l'armée AllemandeTout comme le missile BGM-71 TOW et avant lui la fusée allemande Kramer X4), le HOT est lancé à partir d'un tube, dirigé optiquement par superposition avec la cible visée, ensuite un guidage par fil permet de modifier la trajectoire.

Le HOT-2, produit à partir de 1986 est équipé d'une charge militaire plus performante et affiche une portée allongée à 4 km pour une vitesse de 900 km/h.

La version la plus récente, HOT-3, est équipée d'une charge creuse en tandem et possède des moyens électroniques d'antibrouillage, (voir contre-mesures).

source : wikipedia

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jeudi 10 février 2011

Pratiques d'espionnage économiques en Afrique

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Pratiques d’espionnage économique en Afrique




Alors que « l’affaire Renault » prend un tour diplomatique entre la Chine et la France, Knowdys révèle, en exclusivité pour Les Afriques, le top dix des pratiques d’espionnage économique les plus courantes en Afrique, au cours des cinq dernières années.
La corruption est l’un des moyens les plus efficaces et le plus mobilisé de collecte du renseignement économique sur le continent africain.
Le classement des pratiques ci-après est présenté dans un ordre décroissant de un à dix.
Des filiales de multinationales, des cabinets d’audit et d’ingénierie fiscale et financière, des cabinets d’avocats, des conseils en systèmes d’information et des banques d’affaires, pour ne citer que les principaux, s’échangent, en réseau, des renseignements économiques sans que les entreprises ou les États africains concernés ne soient nécessairement au courant.
Dans un quart des cas d’espionnage économique analysés, deux ou plusieurs approches sont associées, visiblement dans le but d’accroitre les chances d’accès illicite aux informations recherchées.

1. Corruption

La corruption est l’un des moyens les plus efficaces et le plus mobilisé de collecte du renseignement économique sur le continent africain. Dans son rapport « Indicateurs du développement en Afrique 2010 », publié le 15 mars 2010, la Banque mondiale a estimé le manque à gagner pour l’économie formelle en Afrique à 200 millions de dollars. Autrement dit, l’Afrique perd l’équivalent de 25% de son PIB pour cause de corruption. Pour illustration, l’impact de la corruption, discrète dans l’industrie de la contrefaçon, frôle régulièrement la barre de 50% dans le secteur pharmaceutique nigérian, depuis 1990. Mais en reconnaissant que la corruption est « partie intégrante de l’économie politique africaine » et qu’elle est « intrinsèquement liée à l’exercice du pouvoir », les analystes de Bretton Woods ont cependant fait le vide sur le coût informationnel de ce fléau pour les grandes entreprises.

2. Réseaux de cabinets étrangers

L’espionnage économique pratiqué par certains de ces acteurs est singulier, car, à la source, les informations sont collectées légalement. C’est par la suite qu’elles sont revendues de manière illicite. Dans les pays de l’OCDE, les acteurs du conseil qui ont l’avantage d’accéder légalement à certains secrets d’affaires sont rigoureusement encadrés par des instruments juridiques interdisant l’exploitation de ces informations à des fins commerciales. La pratique est tout autre en Afrique. D’après nos renseignements, un certain nombre d’acteurs étrangers opérant dans cette chaîne de valeurs s’échangent, en réseau, des renseignements économiques sans que les entreprises ou les États africains concernés ne soient nécessairement au courant. Il s’agit, notamment, des filiales de multinationales, des cabinets d’audit et d’ingénierie fiscale et financière, des cabinets d’avocats, des conseils en systèmes d’information et des banques d’affaires, pour ne citer que les principaux. Rien que dans la Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale (CEMAC), nous estimons le coût moyen de ces fuites, sur la seule période 2007-2010, à un demi-milliard de francs CFA tous les 100 jours.

3. Vol de matériel

Ce moyen d’espionnage a « l’avantage », pour les espions, de détourner l’attention des enquêteurs vers le vol d’argent ou d’autres objets dits de valeur. De plus, cette approche est jugée low cost pour le recrutement d’éléments chargés de ramener « de petits objets » au client. Le cambriolage survenu à la mi-juillet 2010 au Ministère camerounais des finances est de cet ordre. Pendant que l’opinion publique s’alarme sur le vol de 700 millions de francs CFA dans le bureau du ministre, aucun analyste ne s’interroge, du moins publiquement, sur la valeur des documents dérobés à cette occasion. De janvier 2007 à décembre 2010, une quinzaine d’édifices appartenant à la haute administration, ainsi qu’une vingtaine d’entreprises de plus de 120 salariés, ont été cambriolés au Cameroun, avec des soustractions de matériel et de documents sensibles d’une valeur pouvant atteindre plusieurs milliards de francs CFA.

4. Ecoutes et interceptions

Grâce à quelques appareils relativement bon marché importés de Chine, l’écoute est plus pratiquée en Afrique qu’elle n’y paraît, bien qu’elle soit encore majoritairement le fait d’opérateurs étrangers (81% des cas observés dans quatre pays de la zone CEMAC). De Douala à Brazzaville, en passant par Libreville et Malabo, des cartographies d’acteurs associés aux réseaux de télématique identifiés (en conséquence) permettent de récupérer les informations qui transitent par ces derniers. A cela s’ajoute l’interception qui permet de prendre illicitement le contrôle d’un signal électromagnétique (provenant d’émissions satellites, radio ou parasites émis par les systèmes d’information) pour l’interpréter et en tirer des informations exploitables. A ce niveau, les analystes sentent intuitivement que le plombier, l’informaticien ou l’agent d’électricité jouent un rôle déterminant dans certaines opérations, mais l’insuffisance de preuves interdit toute conclusion sur ce point.

5. Cheval de Troie

L’usage d’ordinateurs portables par les décideurs africains a facilité le recours à l’espionnage par voie informatiques au cours des cinq dernières années. De toutes les attaques logiques analysées, le recours au cheval de Troie est la plus utilisée (73%). Le cheval de Troie appartient à la famille des attaques pouvant être effectuées sans qu’il soit nécessaire d’entrer en contact physique avec la machine ciblée. En Afrique, comme ailleurs, ce programme se cache derrière une application utile pour infecter un système et permettre sa prise de contrôle à distance. Lors d’une opération d’espionnage économique ou politique visant l’ordinateur d’un ministre, d’un haut cadre d’administration ou d’un chef d’entreprise, le cheval de Troie permet de récupérer les données confidentielles et notamment les mots de passe de la cible.

6. Confrérie

L’appartenance à certaines confréries d’ordre tribal, spirituel ou philosophique oblige ou entraine, selon le cas, des relations ou des liens particulièrement forts. En Afrique, il est aisé d’observer combien ces relations conditionnent le choix et la promotion des acteurs politiques, économiques, sociaux et même sportifs. Pour les spécialistes de l’intelligence économique, l’analyse des modes et sphères de recrutement de ces organisations permet non seulement d’anticiper la formation des réseaux d’acteurs, mais aussi de comprendre le tracé des voies de circulation de l’information entre les membres. La surveillance de ces canaux de communication a permis de mettre à jour plusieurs cas de diffusion illicite de renseignements entre « frères » et « sœurs » avocats, banquiers, chefs d’entreprises, médecins ou assureurs. Dans un pays comme le Gabon, quatre décideurs sur cinq appartiennent à une confrérie.

7. Piège à miel

De plus en plus répandu dans les pays pétroliers d’Afrique subsaharienne, le « piège à miel » est particulièrement efficace dans la collecte clandestine de renseignements, car il mobilise les charmes sexuels et quelquefois les sentiments amoureux. Au Nigeria, où il est très prisé, le « piège à miel » est identifié sous l’appellation « Honey Trap », non pour son usage par les services secrets durant la guerre froide, mais pour son utilisation dans des cas d’espionnage économique ou industriel, de chantage et d’extorsion de fonds à l’endroit des gens d’affaires. Généralement recrutées dans les universités, de jolies jeunes femmes sont sommairement entraînées à « tamponner » des cibles en vue d’extraire des confidences sous l’oreiller, voire plus. En fonction de leur « standing », des dossiers et du pays (Angola, Guinée équatoriale ou Nigeria), elles peuvent être rémunérées entre 50 000 et 250 000 FCFA/jour. Combien de businessmen pensent à l’espionnage économique à la rencontre d’une belle inconnue ?

8. Chantage

Ce moyen de renseignement vieux comme le monde continue de donner des résultats intéressants en matière d’espionnage économique. La pratique est quasiment invariable en Afrique, comme ailleurs dans le monde, et depuis les temps immémoriaux : après l’analyse du dispositif adverse, une ou plusieurs cibles sont identifiées. Elles font ensuite l’objet d’un profiling serré, qui permet notamment de dresser leur cartographie relationnelle et leur profil psychologique. Ce dernier permet de déterminer les failles qui permettront d’obtenir le renseignement souhaité sous la menace de révélations compromettantes ou diffamatoires. Souvent mobilisé par des acteurs parfaitement organisés, ce procédé est aussi efficace qu’il est malsain. La victime finale ou son entourage n’y sont que rarement préparés.

9. Usurpation de titre

L’usurpation de titre est très souvent utilisée par des individus ou des groupes organisés souhaitant obtenir, par le biais de l’influence, des informations auprès des employés d’une entreprise cible. Les trois titres les plus exploités dans cette démarche sont ceux d’avocat d’affaires, agent des forces de l’ordre et agent des impôts. L’affaire dite de « Me Gnekpato », qui a, par exemple, défrayé la chronique en Côte d’Ivoire à la fin du deuxième trimestre 2010, rentre dans cette catégorie. La difficulté à lier ce type d’affaires à une opération d’espionnage économique réside dans le peu de sensibilisation des enquêteurs locaux à cette forme de criminalité. Lorsqu’ils sont appréhendés, les auteurs (souvent des hommes de main) avancent des mobiles farfelus qui conduisent à ranger leur forfait dans la rubrique des faits divers.

10. Cadeaux numériques

La matrice culturelle africaine accorde une place de choix aux cadeaux, aussi bien dans la sphère privée que dans le monde des affaires. C’est ce qu’ont bien compris les espions étrangers, qui approchent des dirigeants politiques et les hommes d’affaires africains lors de visites officielles ou de colloques, etc. Comme nous l’indiquions dans « Les renseignements africains attendus sur le front économique » (lire Les Afriques nº 144, page 10), certains objets (caméras, appareils photo et surtout des clés USB) offerts à ces occasions sont infectés de virus. L’infection au Trojan, par exemple, permet aux espions d’avoir un accès direct à tous les ordinateurs auxquels ces « cadeaux » sont connectés. L’impact de cette pratique sur les intérêts économiques et stratégiques africains est encore extrêmement difficile à mesurer.
Processus légal de collecte et d’exploitation sécurisée de l’information utile aux décideurs, l’intelligence économique contribue à protéger le patrimoine informationnel et à booster la compétitivité des entreprises, des collectivités territoriales décentralisées et des Etats.

Guy Gweth
Bio Express


Guy Gweth appartient à la 4ème promotion de l’Executive Doctorate in Business Administration de l’Université Paris-Dauphine. Ancien de l’Ecole de guerre économique, et du Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris, il est également diplômé de l’Institut International de communication de Paris et de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Yaoundé II. Avant de fonder GwethMarshall Consulting, Guy Gweth a été pendant sept ans conseil en gestion des risques et enquêtes au profit de grands groupes, de gouvernements africains (membres de la Zone CEMAC) et d’organisations internationales. Parmi ses références, on compte notamment : Caritas Internationalis, EDF R&D, Exxon-Mobil, ENAM, Friedrich Ebert Stiftung, Sanofi Aventis, et USAID. Directeur général de Knowdys, Guy Gweth est également expert chez Commodesk (1er site français d’informations sur les matières premières), conférencier pour entreprises et grandes écoles et responsable de l’intelligence économique au sein de l’hebdomadaire financier Les Afriques. Il est membre des SCIP (Strategic and Competitive Intelligence Professionals).


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mardi 1 février 2011

LIBAN : Qui est Najib Mikati ?

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Le nouveau Premier ministre, Najib Mikati, est actuellement député de Tripoli [capitale du Nord]. Possédant une fortune estimée à 2,5 milliards de dollars, il occupe la 374e place des fortunes mondiales [dans le classement 2010 du magazine Forbes] et il est considéré comme l'homme le plus riche du Liban, avec son frère Taha. Né le 24 novembre 1955 à Tripoli, Mikati est diplômé de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), titulaire (en 1980) d'un master en administration des entreprises. Il suit également plusieurs cursus de courte durée à Harvard. En 1982, il fonde la société de télécommunications Investcom avec son frère. Les deux frères en font un empire qui investit massivement au Moyen-Orient, en Europe et en Afrique, puis ils revendent Investcom au sud-africain MTN Group en 2006 pour 5,5 milliards de dollars. Mikati est également le cofondateur de M1 Group, un groupe financier et industriel non coté en Bourse, d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, qui possède des intérêts dans les télécoms, l'immobilier, les transports, le pétrole et le gaz.
Mikati a commencé sa carrière politique en 1998 en étant élu député de Tripoli. Il devient ministre des Travaux publics et des Transports, un portefeuille qu'il conserve pendant trois gouvernements successifs, jusqu'en avril 2005. A ce moment-là, le président Emile Lahoud le choisit pour succéder à Omar Karamé au poste de Premier ministre. Karamé avait dû démissionner à la suite des importantes manifestations consécutives à l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, en février 2005.
Mikati ne reste en fonctions que quatre-vingt-dix jours et s'occupe essentiellement de préparer le pays pour les élections législatives du 31 mai 2005. L'Alliance du 14 mars [rassemblement politique antisyrien et pro-Hariri] sort victorieuse du scrutin en remportant 72 sièges sur 128, et Mikati cède le poste de Premier ministre à Fouad Siniora. Pendant qu'il était chef du gouvernement, Mikati avait suivi les enquêtes locale et internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri et autorisé des observateurs internationaux à suivre les élections.
Sa nomination à la tête du gouvernement ce 25 janvier, avec le soutien de l'Alliance du 8 mars [le Hezbollah et ses alliés prosyriens], a cependant déclenché une vague de manifestations de protestation dans tout le pays. Mikati avait été à nouveau élu comme député au Parlement en 2009, dans le camp de Saad Hariri. Son changement de camp et son alliance avec le camp prosyrien ont été peu appréciés. Bien que considéré comme prosyrien, il passe pour un Premier ministre de consensus. "Nous serons le symbole de la modération et de l'unité nationale", a-t-il déclaré aux journalistes après s'être entretenu, le lundi 25 janvier, avec le président Michel Sleimane.
Philanthrope autoproclamé, Mikati est très engagé dans l'action caritative. Il participe en outre au "pacte de Beyrouth", un projet socio-économique qui vise à améliorer le développement du pays tout en favorisant l'égalité économique entre les régions et en attirant les investissements. Mikati est marié et vit à Beyrouth avec sa femme, May. Le couple a trois enfants, Maher, Mira et Malek, et deux petits-enfants, Najib et Najla.

source: AFP