mardi 20 décembre 2011

Israël - Soudan du Sud :Visite historique du président sud-soudanais et une alliance calculée

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Visite "historique" du président sud-soudanais en Israël

Des jeunes brandissent le drapeau du Soudan du Sud lors d'un meeting électoral, à l'université de Juba.
Des jeunes brandissent le drapeau du Soudan du Sud lors d'un meeting électoral, à l'université de Juba. Dominic Nahr / Magnum Photos
Dès le 10 juillet, au lendemain de l’accession de Juba à l’indépendance après un peu plus de deux décennies de guerre civile avec le Soudan (deux millions de morts, quatre millions de déplacés), le gouvernement de Benyamin Nétanyahou affichait clairement son intention : établir, sur la base de relations diplomatiques solides, une coopération susceptible d’assurer au nouvel Etat "développement et prospérité".
Entre Israël et le Sud soudanais – devenu le 14 juillet le 193e Etat membre de l’ONU – l’alliance n'est pas entièrement nouvelle. Elle s’est forgée à l’ombre des armes, au moment de la guerre des Six Jours qui opposa l’Etat juif à une coalition de pays arabes menés par l’Egypte, en juin 1967. A l’époque, Israël aidait discrètement, via des livraisons de munitions, les résistants sud-soudanais, en guerre ouverte contre Khartoum.
LUTTE D'INFLUENCE AVEC L'IRAN
Si Tel-Aviv a choisi de "réactiver" ce partenariat vieux de près d’un demi-siècle, c’est avant tout par calcul stratégique, et parce que le contexte régional l’y contraint. L’Etat juif voit dans cette union l’occasion de ressusciter la "doctrine de la périphérie" chère à David Ben Gourion, premier chef de gouvernement d’Israël, de 1948 à 1953. "Ce dernier avait prévu que, pour que le pays puisse résister ou s’imposer au Proche-Orient, il lui fallait tisser des liens avec la périphérie du monde arabe, c’est-à-dire principalement avec l’Ethiopie, l’Iran et la Turquie. Or, aujourd’hui, le seul allié fiable qui lui reste est l’Ethiopie. D’où la nécessité desolliciter d’autres appuis, ailleurs", explique Alhadji Bouba Nouhou, enseignant-chercheur à l’université de Bordeaux-III, auteur de Israël et l’Afrique : une relation mouvementée (Editions Karthala, 2003 ; préface de Dominique Vidal).
En s’amarrant d’autant plus volontiers au Soudan du Sud, qu’il s’agit d’un pays chrétien, donc potentiellement dépassionné vis-à-vis du conflit israélo-palestinien, l’Etat juif s'assure un pouvoir de contrôle non négligeable dans une zone porteuse d’instabilité. Le Soudan, en effet, est connu pour être une plaque tournante de la contrebande d’armes à destination des ennemis d’Israël. "Le fait qu’il y ait, à Khartoum, un régime proche du Hamas [mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza] et du Hezbollah libanais a d’ailleurs joué un rôle plus important dans le rapprochement des deux Etats que la revendication du Soudan du Sud comme pays chrétien", estime Rashid Saeed, journaliste soudanais basé à Paris.
L’enjeu n’est pas mince car, en filigrane, se joue une sourde bataille d'influence avec l’Iran, principal bienfaiteur… du Hamas et du Hezbollah. Preuve que le régime des mollahs ne compte pas céder du terrain à son ennemi intime dans l’Est de l’Afrique, le président Mahmoud Ahmadinejad s'est rendu lundi 26 septembre à Khartoum, où il a réaffirmé, aux côtés de son homologue soudanais Omar Al-Béchir, que les deux pays demeuraient plus que jamais unis pour "défendre l’islam face aux pressions occidentales".
UN PAYS "OÙ TOUT EST À CONSTRUIRE"
Le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son homologue soudanais Omar Al-Béchir assistent à la cérémonie d'indépendance du Sud-Soudan, samedi 9 juillet à Juba.
Le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son homologue soudanais Omar Al-Béchir assistent à la cérémonie d'indépendance du Sud-Soudan, samedi 9 juillet à Juba.REUTERS/THOMAS MUKOYA
A cet aspect purement géopolitique, s’ajoute également une dimension économique. Dans la foulée de la guerre du Kippour, en octobre 1973, Israël avait été contraint de quitter l’Afrique, après que la plupart des pays du continent ont choisi de rompre tout lien diplomatique. Ce retrait, subi plus que choisi, l’avait du même coup privé d'opportunités commerciales précieuses, que l’Etat juif tente aujourd’hui de saisir"Depuis quatre ou cinq ans déjà, Israël est de retour sur le continent noir, non seulement avec ses sociétés militaires privées, qui fournissent une aide substantielle à un grand nombre de régimes, mais aussi à travers ses investissements dans le secteur minier. Le pays a réussi à rétablir ses relations avec la majorité des pays africains, notamment ceux d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Est. A cet égard, le Soudan du Sud a son importance, car c'est un pays où tout est à construire", argumente Rashid Saeed.
Hormis un pétrole surabondant, dont il tire 95 % de ses revenus (la production quotidienne est estimée à 375 000 barils), le pays est en effet plongé dans un état de dénuement avancé, conséquence de plusieurs décennies de conflit (1955-1972, 1983-2005). Près de 90 % de la population vit avec moins de un dollar par jour. De la tribune de l’ONU, la semaine dernière, le président Salva Kiir a lancé un appel au secours, soulignant que "la République du Soudan du Sud avait un besoin crucial de toute l’aide dont elle peut bénéficier". De ce point de vue, l’union scellée avec Israël tombe à point nommé. L’Etat juif est d’ailleurs déjà impliqué dans divers projets de construction, que ce soit dans le domaine agricole ou au niveau des infrastructures.
Le Soudan du Sud saura-t-il en tirer parti et se fondre dans le rôle stratégique qu’Israël souhaite lui voir jouer ? Pour Alhadji Bouba Nouhou, la réponse reste en suspens. D’autant qu’au-delà d’une pauvreté prégnante, le "nouveau-né" souffre de violents clivages tribaux susceptibles de fragiliser un peu plus sa condition. Seule certitude, conclut Rashid Saeed, "le régime de Khartoum va continuer deconsidérer cette alliance comme une menace potentielle pour le monde arabe". Ne serait-ce que pour s’assurer son soutien et plus particulièrement celui de l’Egypte, dont les rapports avec Tel-Aviv connaissent, depuis la chute d’Hosni Moubarak le 11 février, un sérieux coup de froid.
Le Monde
Aymeric Janier

mardi 13 décembre 2011

Faut-il faire le procès des agences de notations?

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Pour Diplogéostratégies:
Réponses de Guy Gweth, consultant international et fondateur de Knowdys, numéro un du conseil en
intelligence économique en Afrique centrale.
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« Depuis Bâle II en juin 2004, les ratings ont pris un tel pouvoir dans le processus décisionnel des investisseurs du monde capitaliste qu’il est extrêmement difficile de s’en défaire. »
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Guy Gweth : « En somme, la fiabilité d’une note sera moins fonction du temps passé par un analyste chez le client que du sérieux de l’agence et de la qualité de son opinion. »
Les Afriques : Les partisans de la notation disent qu’elle sert à faire baisser les coûts d’intermédiation, par exemple, des emprunts obligatoires. Votre avis ?
Guy Gweth : Ne nous voilons pas la face. Si les émetteurs (Etats, entreprises et collectivités locales) acceptent de débourser des sommes importantes pour être notées, c’est avant tout dans l’espoir d’être crédités d’une note qui leur permettra d’accéder plus facilement aux marchés des capitaux et de réduire leurs coûts de financement. Et même une note basse – c’est important de le souligner ici – implique que nous sommes théoriquement en face d’un émetteur transparent qui, a priori, respecte un certain nombre de réglementations financières et comptables. Vous l’aurez compris, être noté par une agence crédible et influente est également un puissant outil de communication financière.
« La vraie question pour l’Afrique est de savoir si les agences locales ont assez d’épaisseur pour résister aux pressions des émetteurs qui paient pour être bien notés. »

LA : La crise des subprimes hier, et aujourd’hui la crise obligataire de la zone euro, n’ont-elles pas décrédibilisé les agences de notation ?
GG : C’est une excellente question à laquelle les marchés ont concrètement répondu « non ». Après le gigantesque scandale des subprimes en 2007-2008, les investisseurs auraient bien voulu se passer des agences de notation incriminées, mais ils n’avaient rien pour les remplacer, rien qui permette par exemple de reconnaître un titre obligataire qui ne fera pas défaut. Depuis « Bâle II » en juin 2004, les ratings ont pris un tel pouvoir dans le processus décisionnel des investisseurs du monde capitaliste qu’il est extrêmement difficile de s’en défaire. Sur ce coup, force est de constater que les lobbyistes de S&P, Moody’s et Fitch ont été redoutablement efficaces. Il est d’ailleurs intéressant d’observer que, pendant qu’au nord les autorités chargées de la régulation des marchés financiers réfléchissent à diminuer le nombre de réglementations intégrant la notation ; au sud certains pays essaient de rendre la notation obligatoire. La vraie question qui se pose aux agences de notation est en fait celle des conflits d’intérêts qui ont contribué à miner leur réputation dans le cadre d’affaires telles que la crise des subprimes à laquelle vous faites allusion, mais aussi dans le scandale Enron en 2001, ou la crise asiatique de 97-98. Reste à savoir qui des marchés ou du législateur aura le dernier mot.

LA : Ces agences de notation qui notaient Lehman Brother « AAA » quelques semaines avant sa faillite, ne procèdent-elles pas par excès en dégradant la note des Etats-Unis et en menaçant celle d’autres pays comme la France ?
GG : Vous avez absolument raison de soulever ce point. Nos analyses – et pas seulement les nôtres, la plupart des régulateurs nous rejoignent – montrent en effet que les agences de notation sur-réagissent systématiquement à chaque fois qu’une crise est confirmée. Certains analystes n’hésitent d’ailleurs plus à parler de prophéties autoréalisatrices dans certains cas, tant les abaissements de notes dans ces moments-là accentuent la crise. Quand vous ajoutez à cela l’incapacité à anticiper les brusques dégradations de solvabilité des emprunteurs, je vous le concède, ça fait beaucoup.

LA : L’absence de pare-feu entre les fonctions analyse, notation et commerciale posent la question de la fiabilité des notations décernées par les agences. Autrement dit, l’agence aux fonctions non séparées ne serait-elle pas encline à menager ses bons clients ?
GG : Il ne faut absolument pas minorer l’hypersophistication financière et la rude compétition (entre les agences), qui sont en partie à l’origine de la crise dessubprimes, à laquelle la plupart des observateurs font systématiquement référence depuis 2007-2008. Il est important de relever que c’est aussi la complexité des actifs servant de collatéraux aux produits structurés qui a poussé de nombreux émetteurs à vouloir se faire noter par l’agence qui s’engageait à leur attribuer la note la plus élevée.
Cela étant, votre question permet de mobiliser les autorités en charge de la réglementation et du contrôle des marchés financiers sur au moins trois points forts : primo, que les salariés chargés de la notation au sein des agences ne puissent pas recevoir de dons, de cadeaux ou de récompenses de la part des entités notées ;secundo, qu’il soit interdit aux agences d’attribuer à la fois une note et une recommandation à un émetteur de dettes ; tertio, qu’elles soient obligées de rendre publics les conflits d’intérets ainsi que les informations utiles à la compréhension de leur structure juridique, de leur politique de recrutement, de leur régime de rémunération et de leurs chiffres d’affaires.

LA : Quid de l’Afrique dans le débat ? Combien compte-t-on d’agences sur le continent ? Y a-t-il, comme la France l’aurait déjà tenté, une volonté de la part d’un groupe de pays de mettre sur les rails une agence de notation africaine ?
GG : A ma connaissance, Paris et Bruxelles ont, pour l’heure, provisoirement mis de côté l’idée de créer une superagence de notation européenne qui ferait concurrence aux trois majors que sont Standard and Poor’s (S&P), Moody’s Investors Service (Moody’s) et Fitch Ratings (Fitch). C’est un peu comme si, du jour au lendemain, un medecin décidait de fabriquer son propre thermomètre dans l’espoir de baisser la fièvre de ses patients ! A mon avis, ils ont vite compris que les marchés n’achèteraient pas.
La vraie question pour l’Afrique, en revanche, est de savoir si les agences locales, petites par leur taille et leur couverture géographique, ont assez d’influence sur les marchés nationaux et internationaux, si elles ont assez d’épaisseur pour résister aux pressions des émetteurs qui paient pour être « bien notés », et si la création d’une agence continentale ne serait pas la solution idoine pour répondre à la demande locale et faire face à la concurence des « Big Three » citées plus haut.

LA : Vu la manière dont procèdent les agences, qui notent les pays à la fin de courtes tournées menées par des consultants étrangers, quelle fiabilité donner aux notations souveraines des pays africains ?
GG : Deux choses sont à préciser ici. Premièrement, l’appréciation du risque souverain n’a pas attendu l’apparition des agences de notation pour se faire. Une grande partie de l’opinion publique ignore que la France, par exemple, a fait banqueroute huit fois entre le XVIème et le XVIIIème siècle, des périodes où n’existait aucune entité capable de collecter et d’analyser des informations économiques et financières sur un pays, comme c’est le cas aujourd’hui. Deuxièmement, vos lecteurs doivent savoir que le processus de notation implique une transmission d’informations librement consentie de l’émetteur vers l’agence de notation qui les demande. Nos investigations montrent par ailleurs que 90% des notations attribuées par les deux plus grandes agences mondiales (Standard & Poor’s et Moody’s) s’expliquent essentiellement par cinq variables principales : l’inflation, le PIB/habitant, l’indicateur de développement économique, le ratio dette en monnaie étrangère sur exportations, et la survenance ou non d’un défaut souverain au cours des 25 années précédentes.
Si l’analyste leader d’une agence de notation se déplace vers l’émetteur, c’est pour noter le management lorsqu’il s’agit d’une entreprise ou, dans le cas d’un pays, interroger des acteurs importants tels que le chef du gouvernement, le ministre de l’Economie et des Finances, le directeur de la Banque centrale, etc.
Pour ce qui concerne tout particulièrement les notations des pays africains, d’autres indicateurs, à l’instar des fonds envoyés par les travailleurs immigrés dans leur pays d’origine, ou encore la stabilité politique, entrent en ligne de compte, qui n’ont pas besoin qu’un consultant séjourne longtemps dans le pays à noter. Une agence comme Fitch, par exemple, considère la stabilité politique comme un élément clé de ses ratings des pays africains. C’est au moins partiellement ainsi qu’il faut comprendre que la note de la dette souveraine tunisienne a été dégradée 90 heures après la chute du président Ben Ali, la faisant passer de Baa2 à Baa3. En somme, la fiabilité d’une note sera moins fonction du temps passé par un analyste chez le client que du sérieux de l’agence et de la qualité de son opinion.

LA : Des pays comme l’Algérie ne sont pas notés. Cette situation est-elle tenable à long terme ?
GG : Précisons avant toute chose que la grande vague des notations souveraines a déferlé sur le continent africain au début des années 2000. C’est relativement récent. A ce jour, moins de 50% des pays africains sont notés par les « Big Three ». Le Gabon, par exemple, est noté depuis 2007 seulement ; le Rwanda, le Kenya et le Nigeria depuis 2006 ; l’Ouganda et la Namibie depuis 2005 ; le Burkina, le Mali et le Mozambique depuis 2004 ; le Bénin, le Cap-Vert, le Cameroun, le Ghana, le Malawi et le Mozambique depuis 2003 ; la Gambie et le Lesotho depuis 2002, pour n’en citer que quelques uns.
Cette précision faite, il faut intégrer, comme je vous l’ai dit avant, que la notation est un jeu à deux. Autant un pays pouvait être noté sans être sollicité à l’époque des « notations sauvages », au début des années 70, autant depuis 40 ans l’entité qui veut être notée doit coopérer avec l’agence de notation. En clair, l’émetteur consent librement à transmettre des informations (dont certaines sont confidentielles) à l’agence de notation. Théoriquement, on ne peut donc publier une opinion sur une entité en l’absence d’informations suffisantes. Alger semble agir au mieux de ses intérêts.

Note
Guy Gweth est consultant international et fondateur de KNOWDYS, n° 1 du conseil en intelligence économique en Afrique centrale. Diplômé de l’Ecole de guerre économique et du Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris, il est de la IVème promotion de l’Executive Doctorate in Business Administration, Université Paris-Dauphine.

jeudi 1 décembre 2011

Relations SYRIE-TURQUIE (ancien sujet de discorde:petit aperçu historique)

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Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a annoncé, mercredi matin,une série de sanctions contre la Syrie afin de protester contre la 
poursuite de la répression du mouvement de contestation contre le président 
Bachar el-Assad. 
La Turquie va ainsi suspendre sa coopération stratégique avec Damas et 
bloquer toute livraison d'armes à la Syrie. 
Les avoirs syriens en Turquie vont être gelés, de même que les relations avec 
la Banque centrale de Syrie, et les crédits turcs destinés à la Syrie sont 
interrompus,a-t-il expliqué. 
"Tant qu'un gouvernement légitime, en paix avec la population du pays, ne 
sera pas en fonction en Syrie, le mécanisme de la coopération stratégique de 
haut niveau sera suspendu", a dit le ministre en ajoutant que le régime syrien était "dans une impasse". 
Les sanctions turques font suite à celles annoncées dimanche par la Ligue 
arabe à l'encontre de la Syrie. 
Ahmet Davutoglu s'était rendu en personne à une rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'organisation panarabe le week-end dernier au Caire. 
D'ores et déjà, la compagnie de raffinage pétrolier turque Tupras a mis un 
terme à un contrat d'achat avec la compagnie nationale de pétrole syrienne 
Sytrol, écrit, mercredi, le journal turc Haberturk, qui cite le P-DG de Tupras, Yavuz Erkut. 
Le contrat, qui était en vigueur depuis 1995, a été rompu au début du mois de
novembre, ajoute le journal. 

Certes, mais je ne sache pas que le régime Turc traite mieux sa part 
importante de la population Kurde à qui le traité de Sèvres donnait un état et un accès à la mer...
Il est vraisemblable que si la Syrie éclate de nouveaux mouvements de 
frontière auront lieu, un peu comme pour le Sandjak d'Alexandrette dont 
historique ci-dessous.

Mandat de Syrie
Après 1918, le Sandjak est rattaché à la Syrie sous mandat français et devient
autonome en 1920. Sa population est alors divisée entre turcophones (un tiers
environ) et arabophones, avec des minorités arméniennes, grecques, kurdes,
tcherkesses et juives. Les Arabophones sont majoritairement alaouites 
(musulmans) à 65 %, mais aussi sunnites (20 %) et chrétiens orthodoxes (15 %). Cette population, paisible avant la Première Guerre mondiale[réf. nécessaire], se divise sous le mandat français entre autonomistes pro-syriens, 
kémalistes partisans du rattachement à la Turquie, et indépendantistes. Ces clivages politiques se doublent d'une opposition sociale : les autonomistes sont surtout les grands propriétaires fonciers, les kémalistes la jeunesse et les 
classes moyennes. Les indépendantistes sont surtout chrétiens et juifs.
À partir de 1925, le territoire fait partie de l'État d'Alep et entre dans l'État
syrien avec un statut spécial : il faisait partie des territoires de la République
syrienne sous mandat français et jouissait d'un régime autonome au point de 
vue administratif et financier. En tant que territoire de la République syrienne, le Sandjak participait aux élections législatives et ses députés siégeaient à la chambre syrienne de Damas. Quelques-uns de ces députés firent même partie de certains cabinets syriens en qualité de ministres de l'économie. 
En novembre 1937 toutefois, Paris, qui tente un apaisement avec la
Turquie, sépare le sandjak de la Syrie.
Dès 1936 en effet, la Turquie avait fait savoir qu'elle n'accepterait pas que ce
territoire où vit une importante minorité turque passe sous le contrôle d'un 
État syrien indépendant. Les affrontements se multiplient entre les deux partis, et la Turquie encourage l'installation de Turcs dans la région. Les élections du 20 mai 1937 montrent à la SDN que 47 pour cent des électeurs sont Turcs. 
Dès lors, par divers stratagèmes Ankara s'emploie à faire monter ce 
pourcentage à 55 pour cent,notamment par l'intimidation des électeurs 
adverses et un afflux de population turque.
En septembre 1938, avec l'accord de la France (dirigée par une majorité
parlementaire issue du Front populaire de 1936) et en sous-main de la
Grande-Bretagne, la province change de nom et devient la République du HatayEn effet les deux grandes puissances veulent ménager la susceptibilité de la 
Turquie,clef de voûte de la politique régionale, voire en faire un allié en cas de conflit
avec l'Allemagne hitlérienne. Les Turcs y sont désormais majoritaires, ils
contrôlent les principaux leviers du pouvoir et le parlement de la République du
Hatay vote son rattachement à la Turquie. C'est chose faite le 23 juin 1939.
Celle-ci récupère un territoire de près de 4 700 km², peuplé d'environ 200 000
habitants. Alexandrette prend le nom d'Iskenderun.
En conséquence, 15 000 Arméniens (ne restent que les Arméniens du village deVakif) ainsi que de nombreux autres chrétiens, tant Arabes qu'Assyriens ou 
Grecs, prennent le chemin de l'exil, laissant derrière eux tout ce qu'ils 
possédaient. La troupe française escorte les convois de réfugiés sans toutefoisleur porter assistance. 
La Turquie attend février 1945 pour déclarer la guerre à l'Allemagne après s'en être tenue à une stricte neutralité pendant toute la durée du conflit.
Sujet de discorde turco-syrien.
De nos jours le Sandjak d'Alexandrette est toujours un sujet de discorde entre la Turquie et la Syrie. Celle-ci considère que cette région lui a été volée, et des
cartes la figurent encore comme faisant partie de la Syrie.
Ce conflit diplomatique s'est élargi au monde arabe : en 1985, l'Arabie 
saoudite décide de ne pas attribuer de visa aux personnes nées dans le Hatay.
En 1989, un avion du service topographique turc volant au-dessus du Hatay estabattu par les forces syriennes, acte suivi de déclarations martiales de chaque côté.
Ce litige qui resurgit régulièrement entre la Syrie et la Turquie est attisé par le
fait que les Alaouites (la moitié des 25 % d'arabophones du Hatay, soit 12% 
de la population actuelle) sont une minorité pauvre et méprisée au Hatay, 
alors que les dirigeants syriens actuels sont issus de cette minorité. Il est 
renforcé par le conflit sur l'utilisation des eaux des fleuves Oronte et Euphrate,qui coulent en Syrie et en Turquie.
JPB pour Diplogeostrategies