lundi 27 décembre 2010

Liban : Rapports à propos du Tribunal Spécial pour le Liban ( TSL)

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Deux rapports publiés ce mois-ci à propos du Tribunal spécial pour le Liban (TSL, chargé de l'enquête sur l'attentat contre l'ancien Premier ministre Rafic Hariri) méritent qu'on s'y arrête. Le premier a été réalisé par l'International Crisis Group, sous la direction de Peter Harling, son responsable régional pour la région.
C'est peut-être parce que ce dernier s'est établi à Damas que son rapport ressemble aux communiqués de presse syriens. Car en substance, il préconise de s'incliner devant les menaces du Hezbollah, et de sacrifier la justice au nom de la stabilité du pays du Cèdre. Ce rapport est imprégné d'un confessionnalisme vindicatif
inacceptable.
Ainsi, on peut lire à propos des menaces du Hezbollah de déstabiliser le pays si certains de ses membres devaient être accusés : "Ayant menacé de provoquer un drame, le mouvement chiite ne peut pas ne rien faire." Ou encore que le Premier ministre actuel Saad Hariri "qui a pris la tête de la communauté sunnite payera un lourd tribut s'il devait se désintéresser de l'assassinat de celui qui ne fut pas seulement son père, mais également un grand leader de sa communauté". Et à propos de la majorité parlementaire, il parle de la "prétendue majorité", reprenant ainsi le langage utilisé par le Hezbollah et par les autres pôles de l'opposition. Par ailleurs, ce rapport déforme la réalité et falsifie l'histoire en présentant comme un ordinaire défilé de rue les événements du 7 mai 2008, quand le Hezbollah a pointé ses armes sur ses concitoyens afin d'établir sa domination militaire sur Beyrouth.
Enfin, il devance les conclusions du Tribunal et s'attend à de futurs arrangements qui ne seront "ni très propres, ni très jolis", et avance les scénarios suivant : après la publication des actes d'accusation (incriminant des éléments du Hezbollah), le Liban demandera au Conseil de sécurité de mettre un terme à l'activité du
Tribunal. Ou bien il mettra des conditions à la poursuite de sa collaboration avec le Tribunal, comme par exemple l'abandon de procès par contumace. Ou bien encore, le Liban continuera de travailler avec le Tribunal tout en exprimant de "sérieuses réserves" quand aux bases sur lesquelles il a fondé ses conclusions. Le rapport justifie ces préconisations en disant qu'il ne faut pas que "le principal perdant soit le peuple libanais".
C'est là qu'il faut s'intéresser au second rapport, qui émane quant à lui de l'Institut international de la paix [The International Peace Institute, IPI]. Il s'agit d'une série de sondages d'où il ressort que les trois cinquièmes du peuple libanais soutiennent le Tribunal spécial et que soixante pour cent souhaitent aller
de l'avant dans le sens de la Justice, quel qu'en soit le prix. Mieux, quarante pour cent des chiites libanais sont en faveur des efforts de justice.
D'autre part, on apprend que les critiques envers le Hezbollah et le soutien au Tribunal s'accompagnent d'une déception vis-à-vis du gouvernement dirigé par le Premier ministre Saad Hariri. Bien que soixante-trois pour cent l'apprécient en tant que personne, trente-six pour cent seulement estiment qu'il remplit correctement ses
fonctions. Si de nouvelles élections devaient se tenir aujourd'hui, sa coalition des Forces du 14 mars n'obtiendrait que vingt-neuf pour cent des voix.
Il en ressort que les Libanais n'attendent pas du gouvernement du Premier ministre Saad Hariri de conclure un quelconque arrangement avec les Nations unies pour faire avorter le travail du TSL. Car il faut se rappeler que depuis la mort de Rafic Hariri et des vingt-deux autres personnes tuées dans l'attentat commis en février
2005, trente-quatre autres assassinats politiques ont été commis au Liban.

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