vendredi 19 novembre 2010
Les Libanais à l'heure du choix!
Imaginons que le gouvernement libanais renonce au tribunal international [chargé dejuger les responsables de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais RaficHariri et d'autres personnalités libanaises], et pas qu'à son seul financement,qu'il s'en lave les mains et s'en débarrasse ou même qu'il l'accuse d'être inféodé à Israël. On pourrait sérieusement l'envisager et pour de bonnes raisons. Cela éviterait une confrontation entre sunnites et chiites, laquelle pourrait dégénérer en conflit entre chrétiens et sunnites dans certaines régions et entre chrétiens et chiites dans d'autres. Autrement dit, la fin du tribunal serait le prix à payer pour la stabilité et la paix civile et pour ce qui reste du pays et de la coexistence. C'est ce que demande le dirigeant druze Walid Joumblatt et ce à quoi pourraient se résoudre les Forces du 14 mars [rassemblement de mouvements politiques libanais antisyriens], ou ce qu'il en reste, en fin de compte. Le problème de cette logique est qu'elle laisse le meurtre sans coupable au nom d'une apparente stabilité. Le permis de tuer serait ainsi politiquement, voire socialement, accordé à qui voudrait, quand il voudrait et quelle que soit la raison.Et ce quelle que soit l'identité du tueur ou celle de la victime. On pourrait néanmoins éviter cela pour sauver la stabilité et la paix civile et développer ainsi une culture pacifiste si étrangère aux pratiques de notre société.Celle-ci donnerait la priorité à la sécurité sur toute autre considération. Dans ces conditions, l'état d'esprit de l'écrasante majorité des Libanais ressemblerait à celui des paysans mexicains à l'égard des hommes armés de l'Ouest américain qui faisaient des descentes chez eux quand ils voulaient : prenez ce que vous voulez et même plus pourvu que vous nous laissiez en vie. Ainsi nous ferions semblant ou nous jouerions la comédie, en continuant à vivre.Tout cela est possible et bien des peuples ont vécu ainsi plus ou moins longtemps jusqu'à l'explosion ou l'implosion. Personne ne peut se réjouir d'un tel renoncement à la dignité que nous reprochons souvent à d'autres. Ainsi, nous serions perçus dans le vaste monde comme partie d'une zone noire sans Etat de droit, ayant acheté la paix et la sécurité au prix de la soumission et de l'ignorance.
Notre vie serait telle la cendre qui couvre les braises, calme comme un cimetière mais sans confiance dans l'avenir - ni projet, ni progrès. Nous serions en outre considérés comme des menteurs, des personnes qu'on ne peut jamais prendre au sérieux : leur hostilité envers Israël n'est que le moyen de fuir les réalités, les responsabilités et les conséquences. Plus besoin alors des racistes antiarabes et antimusulmans pour "nuire à notre image", car nous serions dégradés parmi les peuples civilisés et responsables qui se battent pour vivre dans la vérité.
Hazem Saghieh
* titre du Blog
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