mercredi 4 mai 2011
Les Chrétiens de Syrie méfiants à l'égard de la contestation
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Les chrétiens de Syrie méfiants à l’égard de la contestation
Craignant pour leur sécurité, de nombreux chrétiens de Syrie sont opposés à la chute du régime, même s’ils souhaitent sa libéralisation. Louaï Beshara/AFP
REPORTAGE
Dans la cathédrale de la Dormition du vieux Damas, le prêtre grec-catholique implore l'esprit divin de venir en aide à Bachar el-Assad. « Nous demandons à Dieu de protéger notre président, notre gouvernement et notre peuple de toutes les épreuves et les crises. Nous prions pour que nous soyons un seul cœur, un seul esprit », lance le père Élias Debii devant 250 fidèles. Le sermon dominical résume l'état d'esprit de nombreux chrétiens de Syrie. Ils sont opposés à la chute de ce régime autoritaire mais laïc, même s'ils souhaitent sa libéralisation. « La situation des chrétiens en Syrie est excellente, notamment au niveau de la liberté de culte, grâce au président Bachar el-Assad. Même en ce moment, nous ne ressentons aucune peur », soutient Samer Chamout, un fonctionnaire âgé de 36 ans. « Nous n'avons pas d'ambitions politiques, nous ne voulons pas le pouvoir, nous voulons juste coexister en paix avec les musulmans », explique Imad Layyouss, un opticien âgé de 53 ans.
La Syrie est un pays multiethnique - avec des Arabes et des Kurdes - et multiconfessionnel. Les sunnites y sont majoritaires, les alaouites, au pouvoir depuis 50 ans, ont tissé des relations privilégiées avec les chrétiens (7,5 % sur une population de 20 millions). S'ils sont le même nombre qu'au Liban, les 1,5 millions de chrétiens syriens n'ont pas de réel poids politique, mais sont présents dans les rouages de l'État et dans les milieux économiques.
« Bien sûr que les chrétiens veulent plus de liberté, et en ce sens nous nous sentons proches des contestataires libéraux, mais nous sommes surtout préoccupés par notre sécurité », assure un homme d'affaires qui ne veut pas être cité. Se targuant de coexister en paix depuis des lustres avec les musulmans, les chrétiens refusent de croire à une réédition du « cauchemar à l'irakienne », même si le régime accuse les protestataires d'être des « terroristes salafistes ». « Les salafistes font peur. Regardez en Irak, nos coreligionnaires vivaient tranquillement sous Saddam (Hussein, ancien président irakien), maintenant ils ont el-Qaëda », affirme Michel Channiss, un guide touristique âgé de 63 ans. Dans l'Irak post-Saddam, les chrétiens ont été visés par des attentats commis par des islamistes, les forçant à émigrer en masse, alors qu'en Égypte, la minorité copte fait parfois l'objet d'attaques et d'intimidations.
Conscients que la propagande du régime essaie de les faire passer pour des fanatiques intolérants, les protestataires ont tenté de rallier les chrétiens à leur cause. Ils avaient surnommé la journée de protestation du 22 avril, avant Pâques, le « vendredi saint », en insistant sur le slogan de « l'union nationale ». Pour effrayer cette communauté, le régime a mis en avant un mot d'ordre lancé lors d'une manifestation filmée et diffusée sur YouTube : « Les chrétiens à Beyrouth et les alaouites à la tombe. »
Les chrétiens de Syrie, répartis en 12 communautés, assurent que leur situation est différente des autres pays arabes. « Ici, nous ne sommes ni en Égypte ni en Irak. Notre situation est très différente. L'idée que nous quittions le pays est impensable », affirme Roula Yaziji, âgée de 33 ans, qui travaille dans la communication. Pour elle, sa communauté est enracinée dans le pays et ne suivra pas la vague de l'exode des chrétiens d'Orient. Carine Khoury, une commerçante âgée de 27 ans, est de père chrétien et de mère alaouite, et elle affiche sa confiance dans le président Assad. « Rien n'arrivera au régime, parce que si le président s'en va, nous descendrons dans la rue, car, en sa présence, nous nous sentons en sécurité », assure-t-elle.
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source AFP
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