L’élection législative française 2012 et le
Liban :
« On
n’emporte pas sa Patrie à la semelle de ses souliers » a pu dire Danton. Mais
dans un monde globalisé, la formule a perdu de son actualité.
En
2012, environ deux millions de Français vivent et travaillent à l’étranger.
Londres
est la deuxième grande ville française par exemple et dans la « Silicon
Valley » travaillent environ 100 000
Français.
Ils
sont expatriés, cadres d’entreprises internationales, entrepreneurs,
commerçants ou plus simplement binationaux, par mariage ou par la naissance.
Le
Président Nicolas Sarkozy a voulu que la voix de ces Français puisse être
entendue à l’Assemblée Nationale.
C’est
une réforme importante et positive.
Pour
la première fois, lors des actuelles élections législatives, les Français de
l’étranger sont appelés à élire dix députés au même titre et selon les mêmes
modalités que les électeurs du Pas de Calais ou des Hautes Pyrénées.
Il
faut d’abord saluer cette avancée démocratique, intéressante à double
titre :
Pour
les Français de l’étranger eux-mêmes, bien entendu, qui vont pouvoir faire
entendre leurs problèmes spécifiques en termes de scolarité des enfants, de
droits à la retraite, de fiscalité etc.
Mais
tout aussi, et de façon plus subtile, en terme de lien, de trait d’union, entre
leur pays de résidence et la France.
La
dixième circonscription électorale des Français de l’étranger regroupe une
bonne moitié de l’Afrique et l’ensemble d’un Proche Orient élargi dont le
Liban.
Au
plan français, le scrutin en cours promet d’être serré, chaque voix comptera et
la future majorité se jouera, sauf surprise importante, à quelques sièges près.
Dans
ce contexte, le Liban, avec ses 22 000 Français, essentiellement
binationaux, avec une communauté franco-libanaise largement représentée en
Afrique est un pays important.
Tous
les partis politiques français ont donc des candidats pour les représenter dans
cette élection.
Le
plus connu de ces candidats de la dixième circonscription est Alain Marsaud qui
a obtenu l’investiture de l’UMP.
C’est
un ancien magistrat, chef du service central de lutte antiterroriste au Parquet
de Paris, avant d’avoir entamé une carrière politique : il est député depuis
2002.
Un
homme d’expérience donc, un humaniste, mais aussi un diplomate rompu aux subtilités
moyen orientales et à celles non moins subtiles des couloirs du Palais Bourbon.
C’est
une élection française mais c’est aussi une élection importante pour le Liban
en tant que Nation, et tous les responsables politiques libanais, tous les
représentants confessionnels, ne s’y sont pas trompés, qui lui ont réservé,
sans aucune exception, un accueil chaleureux.
Récemment
encore, recevant à Paris Alain Marsaud, la présidente de son Comité de soutien
français, madame Ijab Khoury, Maire adjointe UMP du seizième arrondissement de
Paris, soulignait l’importance de cette candidature pour l’ensemble de la
communauté des citoyens français d’origine libanaise de France, et du Liban.
La
présence d’ailleurs, à titre personnel, de responsables de tous les partis
politiques et associations culturelles et professionnelles libanais en France à
cette réunion parisienne a été remarquée.
Dans
sa réponse, Alain Marsaud n’a pas manqué de souligner l’importance qu’a, à ses
yeux, la nécessité de n’exclure personne, la nécessité de rassembler tous les
courants de pensée libanais dans un contexte aussi incertain, et même
potentiellement dangereux, qui est celui actuel du Moyen Orient.
Le
Professeur Bernard Debré, président d’honneur de son comité de soutien, et
Claude Goasguen, tous deux députés eux-mêmes en campagne, sont venus saluer
Alain Marsaud à cette occasion et rappeler les liens multiséculaires d’amitié entre la France et le Liban.
Cette
première élection de représentants des Français de l’étranger est significative :
Elle
montre que dans un monde globalisé plus aucune représentation démocratique ne
peut faire l’économie de la prise en compte de deux réalités citoyennes
distinctes.
La
première c’est qu’à l’heure des médias, du portable, d’internet, de la
télévision satellitaire, du transport aérien, les liens de tous avec tous se
sont singulièrement resserrés et qu’en définitive cette élection n’est pas
autre chose que la constatation d’une forme d’universalité.
La
deuxième c’est qu’en même temps, dans cette universalité, il s’agit de prendre
en compte une élection nationale française avec ses caractéristiques
traditionnelles, républicaines, démocratiques, sociales et laïques.
Finalement
c’est peut être aussi cela, le message universel de la France.
Jean
Marie Saugey